Donald Trump, a été de nouveau élu président des États-Unis, mercredi 6 novembre, l'emportant face à sa rivale démocrate, Kamala Harris. Une victoire accueillie avec une certaine inquiétude dans l’industrie métallurgique, comme Conflandey Industries, ancienne filature de Haute-Saône.
Dans les ateliers de Conflandey Industries, les ouvriers veillent au grain sur les machines. Des machines à l’âge avancé, parfois un peu trop huilées, qui ont le mérite d’étirer chaque jour 40.000 km de fil d’acier autour de milliers de bobines. Du fil galvanisé, cuivré et de diamètres différents qu'on retrouve partout dans notre quotidien : trombones, agrafes, éponge métallique, roue de vélo et même la petite clef qui permet d'ouvrir les boîtes de corned beef... Une partie de cette production part à l’export, dont les États-Unis, troisième plus gros client de l’entreprise derrière la France et l’Allemagne. “Entre 10 et 15% de notre production part outre-Atlantique" révèle Eric Demesse, directeur de Conflandey Industries, entreprise qui appartient au groupe allemand Saarstahl.
Relation commerciale depuis les années 60
Conflandey Industries compte 10 États d’Amérique comme clients, depuis, les années 1960, pour certaines. De bonnes relations commerciales qui perdurent grâce, en partie, au savoir-faire de l’entreprise basée à Amoncourt en Haute-Saône. “Ce qu’on exporte le plus aux États-Unis ce sont les fils haut de gamme à forte valeur ajoutée, notamment du fil recuit” précise Eric Demesse, directeur de Conflandey Industries.
Cinq mille tonnes de fil sont exportées par an aux États-Unis ce qui représente un chiffre d'affaires de 5 à 8 millions d’euros.
Eric Demesse, directeur de Conflandey Industries
Mais voilà, l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche, va assurément entraver cette bonne entente commerciale puisque, le président républicain avait pour promesse de campagne, à laquelle il ne dévira pas, une hausse des droits de douane de 20% sur toutes les importations, sans parler de la taxe de 60 % qu’il entend infliger aux importations chinoises. Lors de son précédent mandat, Donald Trump avait déjà mis en place une taxe de 25 % sur les importations d'acier et 10 % sur celles d'aluminium, impactant de surcroît les entreprises Françaises, dont Conflandey Industries.
À l’époque, nous avons été obligés de revoir notre copie vis-à-vis d'eux. On a essayé de répercuter une partie des coups, mais on a perdu des parts de marché. C’est simple, on avait divisé par deux nos volumes à l’export vers les États-Unis.
Eric Demesse, directeur de Conflandey Industries
Présent dans une cinquantaine de pays
Puis le Covid est arrivé et les États-Unis ont eu besoin de fil pour fabriquer les masques chirurgicaux. "Du coup, on exportait jusqu’à 350 tonnes de fil par mois rien que pour les États-Unis, alors que c’était encore Donald Trump au pouvoir”.
Aujourd’hui, l’entreprise haut-saônoise a retrouvé son même niveau d’exportation qu’avant la première ère Trump, mais son élection à un second mandat va avoir des répercussions sur les exportations outre-Atlantique de Conflandey Industries. “On s’adaptera comme lors du premier mandat de Trump, soit en négociant avec les clients pour une refacturation partielle de cette taxe et en perdant une petite marge nous concernant, mais il est clair qu’il y aura une perte de marché”.
Dollar et bourse en hausse, l’économie américaine réagit favorablement au retour de Donald Trump
Sur le marché américain, la victoire du candidat républicain a eu comme conséquence de voir le dollar grimper ce mercredi 6 novembre face à la majorité des autres devises. Le dollar n'a plus connu de tel bond face à l'euro depuis mars 2020.
Le bitcoin lui s'envole de 5,52% à 72.984 dollars, après avoir dépassé plus tôt et pour la toute première fois la barre des 75.000 dollars, dopé par la perspective d'un assouplissement réglementaire en cas de victoire définitive de Donald Trump.
Sur les marchés boursiers européens, les indices sont en nette hausse ce mercredi en début de matinée : la Bourse de Paris bondissait de 2,14%, Francfort de 1,45%, Milan de 1,12% et Londres de 1,49%.
"De façon un peu surprenante il faut l'avouer les marchés européens tiennent plutôt bien, pour l'instant, face à cette victoire indiscutable de Donald Trump", écrivait Alexandre Baradez, responsable de l'analyse marchés chez IG France, peu de temps avant l'ouverture des marchés. Ils ont pourtant à perdre de la hausse des droits de douane voulue par le nouveau président américain.