Une trentaine de tracteurs ralentissaient la circulation dans Vesoul et ses alentours, ce vendredi 5 avril. Les agriculteurs de Franche-Comté dénoncent des retards dans les versements des aides de la (PAC) ainsi que le manque de réponse politique au mouvement social paysan de 2024.
Quatre mois de mobilisation et toujours "rien de concret" aux yeux de Florian Dirand. Pour continuer à faire vivre le mouvement social des agriculteurs, l'éleveur haut-saônois organisait une opération escargot, ce vendredi 5 avril.
Réunis à la sortie de Vesoul, une trentaine de tracteurs ont ralenti la circulation jusqu'au rond-point de Vallerois-Lorioz, sur la N57. Les exploitants ont ensuite distribué des tracts aux automobilistes grâce à l'installation d'un barrage filtrant.
Les manifestations se poursuivent au niveau local, entre deux évènements parisiens d'ampleur tels que le Salon de l'agriculture et les Jeux olympiques. Les exploitants continuent de dénoncer des conditions de travail difficiles pour des revenus insuffisants.
"Qu'ils commencent par nous payer"
Quand on questionne Florian Dirand sur le nouveau projet de loi sur l'agriculture, présenté mercredi en conseil des ministres, l'éleveur évacue : "Qu'ils commencent par nous payer en temps et en heure, après on verra".
C'était la première préoccupation des manifestants ce vendredi : certains attendent encore de percevoir les subventions de la Politique agricole commune (PAC) auxquelles ils ont droit. D'autres ne les ont reçues que très récemment sur leur compte en banque, avec plusieurs mois de retard.
Les aides sont arrivées en retard chez tous les agriculteurs français. Mais particulièrement en Bourgogne-France-Comté, où le transfert du Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) au Conseil Régional a encore davantage ralenti la machine administrative.
“Ça tarde, on les appelle. Ils nous donnent des dates et les dates ne sont pas respectées”, souffle Benjamin Malcuit au volant de son tracteur.
Quand on ne remplit pas nos papiers à temps, on est privés de nos droits. Je ne vois pas pourquoi eux se permettent de dépasser les délais.
Benjamin Malcuit, agriculteur dans le Doubs
Sortie des traités de libre-échange
Ces retards de paiement vulnérabilisent un peu plus les paysans, dont la plupart dépendent des subventions de l'Union pour rester à l'équilibre financier. "Le gazole, l'entretien du matériel, ça coûte cher. Supprimez le revenu d'un employé de bureau et vous verrez combien de temps il va tenir", ironise encore Benjamin Malcuit au micro de Frédéric Buridant.
Après le mouvement agricole qui a secoué le pays au début de l'année, les éleveurs ne se considèrent pas plus écoutés. Aides à l'installation, allégement des sanctions en cas de dommages à l'environnement... Les propositions du nouveau projet de loi gouvernemental ne semblent pas être celles que les manifestants espéraient.
Parmi les exploitants interrogés au micro de France 3, les mêmes revendications reviennent : un revenu décent et la sortie des traités de libre-échange pour protéger les produits fabriqués en France.
Projet de manifestation pendant les JO
Cette opération escargot visait donc à maintenir la pression au niveau local grâce à une réunion asyndicale, explique Benjamin Malcuit. “Il n'y a pas que ceux qui sont syndicalisés qui peuvent sortir. Les gens qui nous défendent ont des idées différentes. Mais les agriculteurs, on est tous dans le même pétrin".
Florian Dirand voulait aussi offrir un terrain d'expression à "ceux qui ne peuvent pas monter à Paris". Car certains exploitants francs-comtois comptent bien retourner se faire entendre dans les rues de la capitale.
Une course de tracteurs, des stands de vente directe pour sensibiliser les Franciliens à l'importance d'acheter français... Benjamin Malcuit ne manque pas d'idées pour faire valoir la cause paysanne lors des Jeux olympiques 2024.