Colère des agriculteurs : la maire de Besançon Anne Vignot appelle toutes les collectivités françaises à se fournir auprès des producteurs locaux

Dimanche 3 mars 2024, la maire de Besançon Anne Vignot (EELV) a appelé toutes les collectivités françaises à se fournir chez leurs agriculteurs et producteurs locaux pour préparer les repas des écoles, collèges, lycées, hôpitaux, etc... Une manière de générer, selon elle, des milliards d'euros à destination des exploitants agricoles du territoire.

Que tous les repas des collectivités françaises soient cuisinés à partir de denrées produites par les agriculteurs et producteurs locaux. Voilà la proposition d'Anne Vignot, maire EELV de Besançon dans le Doubs, en réponse à la "colère légitime" des exploitants agricoles qui, depuis plusieurs semaines, manifestent leur mécontentement dans tout le pays, alors que le Salon international de l'agriculture touche à sa fin. 

Dimanche 3 mars, l'édile, interrogée par France 3 Franche-Comté, a estimé que les responsables politiques avaient les moyens de soulager les agriculteurs "en offrant un nouveau débouché" à leurs produits : les commandes publiques. "En se fournissant chez les acteurs locaux pour nourrir les élèves de maternelle, de primaire, les collégiens, les lycéens, mais aussi l'armée, les hôpitaux ou même les salariés des collectivités, nous permettrions à nos éleveurs de diversifier leurs ventes, tout en leur proposant un prix supérieur à la grande distribution" précise Anne Vignot.

Ils ne seront ainsi plus dépendants de la PAC, qui ne profite pas à tous les exploitants, car ils auront une autre rentrée d'argent. Et la nourriture proposée par les collectivités serait ainsi locale et saine.

Anne Vignot,

maire écologiste de Besançon

Cet appel se base sur l'expérience menée par la municipalité de Besançon (Doubs) depuis plusieurs années. Tous les repas des écoles maternelles et primaires de la capitale franc-comtoise sont ainsi préparés dans une cuisine centrale, qui se fournit chez une dizaine de producteurs locaux.

Des millions, voir des milliards d'euros, pour l'agriculture française ?

"Tous les ans, lorsqu'il compose ses menus, le directeur de la cuisine centrale fait le tour des producteurs locaux" explique Anne Vignot. "L'idée est de savoir ce qu'ils sont en capacité de produire. Ensuite, en tenant compte de ces échanges, nous adaptons nos commandes publiques. Les producteurs locaux, qui ont déjà une vision de ce que nous cherchons, peuvent ainsi candidater pour remporter les marchés". 

À Besançon, ce sont 5 000 repas qui sont confectionnés tous les jours à destination des cantines des écoles maternelles et primaires gérées par la ville. "On paye 2 euros de denrées alimentaires par repas" reprend Anne Vignot. "Sur un an, cela fait 1 million 600 000 euros de dépenses à l'année, dont plus de la moitié va à nos producteurs. Ce qui constitue une rentrée financière non négligeable".

Si les conseils départementaux, qui gèrent les collèges, les conseils régionaux, qui gèrent les lycées, les CROUS, les hôpitaux et l'armée imitent ce modèle, on parle de millions, voir de milliards d'euros. On pourrait restructurer complètement le modèle agricole.

Anne Vignot,

maire de Besançon

Cela sera-t-il faisable ? La maire de Besançon en est certaine. "Si nous l'avons fait à Besançon, tout le monde peut le faire" assure-t-elle. "Mais il faut un minimum de courage politique chez les décideurs pour impulser ce changement". Un changement que la ville de Besançon n'est pas la seule à avoir opéré.

En Franche-Comté, un modèle du genre a été mis en place par la ville de Lons-le-Saunier (Jura), dont le personnel élabore chaque jour quelques 5 000 repas à destination des écoles, des maisons de retraite, de l’hôpital, de quelques entreprises et du restaurant municipal de la commune. "On fait déjà cela depuis quelques années et aujourd'hui, on a 54 % de repas bios et locaux" assure Jean-Yves Ravier, maire (sans étiquette) de Lons.

Il y a néanmoins, une limite. Chaque territoire n'a pas les ressources nécessaires pour tout produire. Le discours de Mme Vignot est entendable, mais il faudrait aller chercher ce qu'on n'a pas dans d'autres régions françaises. Seulement le local, c'est difficile.

Jean-Yves Ravier,

maire de Lons-le-Saunier (SE)

Cet appel pourrait aussi se heurter à la réalité économique des collectivités. En effet, il est plus coûteux de se fournir chez les producteurs locaux que dans des grandes sociétés privées de restauration collective."C'est ce qui explique que pour certains collèges ou lycées, là où les effectifs et les coûts sont plus nombreux, on préfère acheter dans des grandes centrales" reprend Jean-Yves Ravier. "Dans certains établissements, on a même supprimé les cuisines". Cet appel changera-t-il la donne ? Verra-t-on une restructuration de l'agriculture française autour des commandes publiques ? Réponses dans les prochains mois.

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