Mardi 3 août, un accident de la route à Pennesières, près de Vesoul, a causé la mort d'un automobiliste et en a blessé deux autres. Le procureur de la République évoque la possibilité d'un acte volontaire. Trois autres événements suspects sont arrivés dans le département, depuis le 1er juin 2021.
L'accident de la route survenu le 3 août à Pennesières, aux environs de Vesoul (Haute-Saône), présente les caractéristiques d'un geste volontaire. Les éléments constatés montrent que le conducteur décédé a provoqué une collision, pour se suicider. Le procureur de la République de Vesoul, Emmanuel Dupic, indique que plusieurs éléments justifient cette piste. Ce qui l'inquiète : plusieurs événements survenus dans des circonstances similaires sont recensés dans le département, depuis le 1er juin 2021.
Collision frontale
Très tôt dans la matinée du 3 août, le conducteur originaire des Vosges et âgé de 33 ans, circule dans sa voiture en direction de Vesoul. Un camion, en sens inverse, se dirige vers Besançon. Le conducteur vosgien entre en collision avec le poids lourd, ce qui le tue sur le coup.
Pour le procureur de la République de Vesoul, Emmanuel Dupic, il faut être vigilant à propos de cette hypothèse de suicide : "L'accident qui s'est déroulé a clairement montré une conduite volontaire. C'est-à-dire que le jeune a vraiment percuté volontairement le camion. L'une des difficultés, c'est que dans ce geste qui semble suicidaire, on a une femme de 43 ans qui est gravement blessée dans le suraccident qui a été causé".
Une autre automobiliste qui roulait effectivement derrière le conducteur suicidaire n'a rien pu anticiper. Cette conductrice a été gravement blessée, sans que son pronostic vital soit engagé.
Des précédents inquiétants dans le département ?
Les investigations sont actuellement en cours, sous la direction du procureur de la République de Vesoul. "L'enquête de voisinage a montré une tendance suicidaire, le projet de mettre fin à ses jours, alors peut-être pas dans le cadre de cet accident, mais en tout cas des tendances suicidaires", d'après le magistrat.
Ces éléments préliminaires amènent à se pencher davantage sur d'autres affaires de ce type survenues dans le département, depuis le 1er juin 2021. "Nous recensons avec l'escadron départemental de Sécurité Routière de la gendarmerie, pour la seule Haute-Saône, quatre morts sur la route dans des conditions similaires depuis cette date", relève Emmanuel Dupic.
À chaque fois, plusieurs caractéristiques communes apparaissent : "Ce sont souvent des hommes, plutôt jeunes. À chaque fois, ce sont très clairement des conduites où l'accident de la route est causé par la volonté délibérée, soit de s'encastrer dans un camion, soit de percuter volontairement un arbre. Plus récemment, début juillet, il y aussi un jeune homme qui avait volontairement pris la route de la Saône [NDLR : la route départementale 67, axe reliant notamment Gray et Besançon] avec sa voiture, et qui s'était retrouvé dans la rivière".
Le procureur fait référence à cet accident du 15 juillet dernier, à Arc-les-Gray (Haute-Saône). Dans le détail, les autres accidents suspects énumérés par Emmanuel Dupic sont arrivés les 1er et 2 juin dernier. Le premier est donc arrivé début juin : il s'agissait déjà d'une collision contre un camion, à Calmoutier (Haute-Saône). Une jeune femme de 34 ans est alors tuée sur le coup. Un jour plus tard, une autre conductrice de 27 ans trouve la mort dans le sud du département, à Noiron.
L'hypothèse des "suicide by car"
À l'époque, aucun élément ne laissait penser à cette thèse de suicides routiers. Le procureur Dupic et Fabienne Balussou, préfète de Haute-Saône, avaient même lancé un appel à la prudence. Tous deux avaient constaté une hausse des accidents routiers dans le département. Mais ça, c'était jusqu'à ce nouvel accident de la route, à Pennesières.
Il y a donc lieu d'être prudent, selon le magistrat. "Lorsqu'on a un accident de la route qui est volontaire, il ne faut pas qu'il soit catégorisé avec les accidents involontaires de la route, parfois liés à l'alcool ou à des distracteurs comme les téléphones", expose Emmanuel Dupic.
Problème : il n'existe pas actuellement de statistiques sur ces faits. "Je crois que c'est un phénomène que l'on doit prendre en compte aujourd'hui. Il ne semble pas encore véritablement analysé d'un point de vue statistique, et est plus connu dans les pays anglo-saxons sous le nom de « suicide by car »", affirme le magistrat. Difficile donc de dire s'il s'agit d'une tendance nationale.
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