Le procès en appel de Nicolas Zepeda, accusé de l'assassinat de son ex-petite amie Narumi Kurosaki en 2016 s'ouvre ce mardi 21 février à Vesoul (Haute-Saône). On vous explique les enjeux, les scénarios possibles et l'organisation exceptionnelle de cet événement judiciaire international.
Nicolas Zepeda va-t-il changer d'attitude lors de son second procès qui débute ce mardi 21 février ? Va-t-il avouer les faits reprochés ? Ou continuera-t-il à nier fermement son implication dans l'assassinat de Narumi Kurosaki, étudiante japonaise disparue en 2016 du campus universitaire de Besançon, et dont le corps n'a jamais été retrouvé ?
Lors du procès à Besançon en avril 2022, le Chilien âgé de 32 ans était apparu sûr de lui, n'hésitant pas à corriger le président et à se jouer de formules à rallonge pour déstabiliser son auditoire. Pourtant, les éléments contre lui sont nombreux : espionnage, contrôle maladif de sa victime, achat de matériel inflammable, déambulations dans le CROUS, renseignements auprès de son cousin médecin concernant la mort par asphyxie, géolocalisation suspecte de son véhicule de location et explications aléatoires à la barre... En sera-t-il de même cette fois-ci ?
Pour l'instant, le mystère demeure. Son nouvel avocat parisien, Me Antoine Vey, se refuse à tout commentaire malgré nos sollicitations. Impossible de savoir si la ligne de défense de l'héritier d'une famille aisée chilienne a évolué. Des aveux feraient office de véritable coup de tonnerre. Dans ce cas, le procès pourrait être suspendu et de nouvelles recherches pourraient être menées pour retrouver le corps de la victime.
Les parties civiles présentes à Vesoul
Ce que l'on sait, c'est que la famille de la victime fera à nouveau le déplacement en France. Kurumi Kurosaki, la sœur et Taeko Kurosaki, la mère de Narumi Kurosaki, avaient assisté au premier procès de Nicolas Zepeda. Elles avaient d'ailleurs livré des témoignages extrêmement marquants, dévastées par la douleur de n'avoir jamais pu rapatrier le corps de Narumi Kurosaki. "Pour l'ensemble des filles, il ne faut jamais laisser ce monstre en liberté", avait dit Taeko Kurosaki à la barre du tribunal. Elles seront en Haute-Saône ce mardi. Honami Kurosaki, la deuxième soeur de la victime, devrait aussi être présente.
À noter également qu'Arthur Del Piccolo, petit ami de Narumi Kurosaki à l'époque de sa disparition, fera le déplacement jusqu'en Franche-Comté. Il avait d'ailleurs été l'un des interlocuteurs clés lors du premier procès du Chilien, intervenant par visioconférence depuis le Japon. C'est lui qui avait mis les enquêteurs bisontins sur la piste de Nicolas Zepeda, l'ancien petit ami jaloux maladif, en 2016.
L'avocat général de ce procès en appel sera Etienne Manteaux. "Monsieur Zepeda vous êtes un menteur !", avait-il lancé à plusieurs reprises à l'accusé durant les débats en 2022. Le procureur de la République de Besançon a particulièrement œuvré sur ce dossier, notamment pour obtenir l'extradition du Chilien vers la France.
Un procès en appel hors norme
Le verdict devrait être prononcé le 7 ou le 8 mars, en fonction de l'avancée des débats. La cour d'assises de Vesoul sera composée du président et de deux assesseurs, entourés de jurés, au nombre de neuf lors d'un procès en appel. Les débats seront oraux et publics, dans la limite des places disponibles dans le Palais de Justice de Vesoul pour les curieux. Deux salles annexes, dont une entièrement réservée à la presse, ont été prévues.
Une trentaine de médias a été accréditée : de France, du Chili mais aussi du Japon, donnant à ce procès une dimension internationale inédite. En 2020, le Palais de Justice de Vesoul avait déjà accueilli un procès particulièrement médiatisé, celui de Jonathann Daval.
Comme en 2022, les débats seront traduits en plusieurs langues : français, espagnol, japonais mais aussi anglais, en raison de l'origine anglosaxonne de certains témoins. Plusieurs interprètes traduiront en direct les échanges grâce à un déploiement technique spécifique.
La journée de mardi 21 février sera réservée à la constitution du jury mais aussi au premier interrogatoire de personnalité de l'accusé. Les jours suivants, nous assisterons aux auditions de plusieurs témoins, d'enquêteurs, mais aussi de proches de la victime constitués parties civiles.
Lors du premier procès, Nicolas Zepeda a été condamné à 28 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de Besançon. Cette dernière avait reconnu la préméditation de son acte, lui attribuant "une colère froide dépourvue d'impulsivité", "une capacité toute particulière à mettre en oeuvre une pensée stratégique" et "une faille narcissique le conduisant à un comportement de domination et à une négation de l'altérité, voire [...] à une dimension de manipulation". Une fois de plus, Nicolas Zepeda encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
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Cette semaine, suivez en direct les débats en cours à l'intérieur de la salle d'assises du procès de Nicolas Zepeda. Rendez-vous chaque matin sur l'article "DIRECT" de notre site internet.
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