Le centre de médecine physique et de réadaptation Bretegnier de la Fondation Arc-en-Ciel à Héricourt (Haute-Saône), établissement déjà le plus à la pointe dans son domaine en Bourgogne-Franche-Comté, s'est doté d'un exosquelette : une structure qui enveloppe le patient et lui permet d'avancer debout.
Un petit pas pour Chantal Coutherut, mais un grand pas pour sa rééducation...Frappée il y a plus de six mois à la moëlle épinière par un virus, la Haut-Saônoise ne pouvait plus du tout bouger ses jambes. Après quatre séances avec l’exosquelette, la voici qui arpente les couloirs. Lentement certes, les bras posés sur ceux du soignant qui lui fait face, mais régulièrement.
« Ca ne se fait pas sans douleur, hein...", sourit-elle malgré tout. Mais je trouve ça très bien. Cela me permet de remarcher sans être debout ! L’objectif pour moi, c’est de me déplacer avec un déambulateur, et pourquoi pas espérer de le faire avec une canne. »
L’exosquelette est un dispositif motorisé qui supplée le manque de force du patient après une atteinte à la moëlle épinière ou un accident vasculaire cérébral (AVC). « Il va réapprendre au cerveau et aux muscles à fonctionner ensemble, explique Jean-Philippe Ehny, docteur en médecine physique et de réadaptation. Avec ce genre d’accident, on perd très vite notre schéma de marche que l’on avait sans réfléchir. Il faut le réapprendre, jusqu’à avoir de moins en moins besoin d’assistance et se diriger vers une rééducation classique. »
Reportage Thierry Chauffour, Denis Colle avec Jean-Philippe Ehny Docteur en médecine physique et de réadaptation - Antoine Manière Professeur d'activité physique adaptée - Chantal Coutherut
De fait les séances se déroulent dans un ballet à trois. Un praticien dirige, conseille et encourage le patient. Un autre surveille « l’ordinateur de bord » qui bipe dans le dos de l’exosquelette, analysant et enregistrant chaque pas.
Un investissement de taille
Le CMPR Bretegnier est déjà un établissement de pointe pour la rééducation et la réadaptation. Il possède 150 lits pour des patients présentant des pathologies neurologiques (médullaires, neurovasculaires, traumatismes crâniens), neurodégénératives ou présentant des affections de l’appareil locomoteur (traumatologie, amputation). Il accueille aussi des patients en état végétatif et pauci relationnel (avec quelques réactions comportementales minimales témoignant d’une conscience de soi et des autres).
Le centre est géré par la fondation Arc-en-Ciel, créé il y a quarante ans par trois associations de la communauté protestante du pays de Montbéliard. Reconnue d’utilité publique, la Fondation conduit une mission à but non lucratif, et « tout excédant financier est directement réinvesti au profit des usagers et pour améliorer les conditions de travail de ses professionnels », comme on peut le lire sur leur site.
160 000 euros ont été investis dans l’exosquelette de marque Ekso Bionics, dont 90 000 euros par l’Agence Régionale de Santé. 23 patients ont déjà bénéficié de cet outil ultramoderne et avancé ainsi vers l’autonomie voire un retour à leur vie d’avant.