L'Agence Internationale des prisonniers de guerre : c'est lui. Les visites sur le terrain, dans les camps de prisonniers, l'affirmation du droit humanitaire international, c'est encore lui.
Gustave Ador fut le troisième président du CICR et transforma radicalement cette institution, lui donnant enfin une dimension mondiale.
Rares sont les politiciens suisses d’envergure internationale. Le très libéral et grand bourgeois protestant Gustave Ador fut le premier d’entre eux. A la tête de la Croix-Rouge internationale pendant la grande guerre, il en a accru l’autorité et les compétences, avant de présider la confédération helvétique.
Elu du canton de Genève depuis 1874, Gustave Ador redresse notamment les finances publiques. De grande stature et très charismatique, c’est l’homme du compromis. Il entre au comité international de la Croix Rouge par cooptation et en 1910, il succède à la présidence, à son oncle, le cofondateur Gustave Moynier. Il est le troisième président et le sera jusqu’à sa mort en 1928.
La première guerre mondiale place la Croix Rouge devant de grands défis. Dès 1914, Gustave Ador y répond en réaffirmant le droit humanitaire international. Il visite des dizaines de camps de prisonniers de guerre en Europe et crée une agence internationale pour les recenser. Il suggère au gouvernement suisse de faciliter le transfert et l’échange de grands blessés sur son territoire. Des trains entiers vont ainsi se croiser entre Lyon et Constance sur les rails de la confédération. En 1917, le comité international de la Croix-Rouge reçoit le prix Nobel de la paix, le seul jamais décerné en temps de guerre.
C’est dans ce contexte, que Gustave Ador est élu de manière triomphale au conseil fédéral Suisse. Ses affinités avec la France et les Etats-Unis compensent les tendances pro-germaniques de nombreuses élites helvétiques. Gustave Ador obtient ainsi de maintenir la neutralité suisse pendant la rédaction du Traité de Versailles puis d’installer le siège de la Société des Nations à Genève. Il fera d’ailleurs campagne pour que son pays y adhère. Tout dans l’attitude et les actions de ce politique Genevois contribueront à forger cette idée : la Suisse a maintenu sa neutralité pendant la guerre, non par lâcheté, mais par souci humanitaire.
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