La maison Labouré-Roi, fondée en 1832, fait partie des trois principaux négociants de vins de Bourgogne.
Quatre dirigeants de la maison de négoce basée à Nuits-Saint-Georges, en Côte-d'Or, ont été placés en garde à vue la semaine dernière dans le cadre d'une affaire de fraude sur les vins.
Il leur est reproché des faits de "tricherie sur les étiquettes", des "mélanges de vins" et l'utilisation de "fausse médailles", selon le quotidien Le Bien public qui a révélé l'affaire mercredi 13 juin 2012. Plus de deux millions de bouteilles auraient été écoulées avec des fausses informations sur les étiquettes. La fraude concernerait aussi bien des appellations villages que des grands crus.
Une enquête est menée depuis plus d'un an par les gendarmes et les services de la Direction de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). L'enquête porte sur une période allant de 2005 à 2009.
Les propriétaires Armand et Louis Cottin, âgés de plus de 80 ans, déclarent qu'ils assument la situation. "La direction a assumé et assumera la situation. Elle a complètement collaboré avec les enquêteurs, quel que soit le service auquel ils appartiennent. La transparence des dirigeants a été totale, le but étant de préserver les 70 emplois. S'agissant de questions plus techniques, il y a une enquête en cours qui est couverte par le secret de l'instruction. Nous réservons nos réponses aux enquêteurs", a précisé Armand Cottin à France 3 Bourgogne.
La colère des professionnels
L'avocat de la société, Me Emmanuel Touraille, a souligné que cette "collaboration totale de l'entreprise avec les enquêteurs" a permis d'avoir "ce traitement particulier, sans mise en examen". Il a reconnu qu'il y avait "des soucis" durant la période incriminée. "On a désormais un gros, gros risque financier pour l'entreprise, si les clients n'achètent plus et que les banques ne prêtent plus. On aurait préféré que ça sorte après dans la presse", a-t-il ajouté. Le procureur de la République de Dijon a confirmé à France 3 Bourgogne qu'aucune mise en examen n'avait été prononcée.
De son côté, Séverin Barioz, directeur de la CAVB (Confédération des Appellations et des Vignerons de Bourgogne) se montre très critique vis-à-vis de cette affaire qui pourrait entacher la réputation des vins de Bourgogne. "Si ces faits sont avérés, nous n'excluons pas de nous porter civile dans cette affaire", a-t-il annoncé à France 3 Bourgogne.