Du pain béni pour les défenseurs de la laïcité

Un fervent défenseur de la laïcité a porté plainte pour bénédiction abusive d'une maison comtoise.

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Jacques Moutterlos, citoyen de son état, a assigné le président du musée des maisons comtoises de Nancray, Pierre Contoz, en justice.

Le tort de ce dernier? Avoir permis à Monseigneur Lacrampe, évèque de Besançon, de bénir, lors de son inauguration il y a un an, une maison comtoise fraîchement acquise. 

Cessez de bénir à tout va, nous sommes dans une république laïque. C'est à peu de choses près le message qu'a voulu faire passer Jacques Moutterlos en assignant en justice le président du musée des maisons comtoises.

Agenouillons-nous un instant pour se remettre l'affaire en mémoire.

Il y a plus d'un an, le musée des maisons comtoises de Nancray faisait l'acquisition - par don, non pas du ciel, mais d'une famille de la région - de la maison des Bouchoux. Une petite splendeur inaugurée dans la foulée, et en présence de Monseigneur Lacrampe, s'il vous plaît, croisé au hasard de la vie, par le président du musée sus-nommé.

Tiens, s'est dit le mécréant, si je demandais à Monseigneur de bénir la maison fraîchement acquise, histoire de perpétuer la tradition ? 

Pourquoi pas? a répondu l'évèque, " j'ai bien déjà béni le Tour de France, des rassemblements de motards, mais jamais un musée ". (sic)

L'affaire se passe donc. Mais c'était sans compter le citoyen Jacques Moutterlos et la loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat qui rappelle qu'en France, pas question de mêler signaux religieux et Chose Publique.

Seulement voilà : pour le rapporteur public chargé d'instruire l'affaire au tribunal administratif, le musée n'est pas considéré comme une Chose Publique.

Il a rendu ses attendus hier en ces termes : " La bénédiction relève d'une tradition populaire courante dans le Doubs, le Haut-Doubs et le Haut-Jura. La loi de 1905 différencie bien les biens publics et les musées ".

Il s'agit donc bien aussi de tradition, les maisons ayant longtemps été bénies par les curés villageois avant que les familles ne s'y installent.

Une forme de pendaison de crémaillère à la sauce religieuse, en fait?

L'affaire a été mise en délibéré. Le jugement devrait être rendu sous quinzaine.

Reste à déterminer comment le musée des maisons comtoises pourra annuler la bénédiction, si le tribunal décidait de trancher en faveur de Jacques Moutterlos.

Sera-t-il vraiment possible d'exorciser la maison bénite?

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