Ce mercredi 19 octobre, la filiale française du laboratoire pharmaceutique allemand Merck a annoncé sa propre mise en examen pour "tromperie aggravée" dans le volet pénal du dossier du changement de formule du médicament Levothyrox. Une victoire pour l’association française des malades de la thyroïde (AFMT).
A la permanence de l’AFMT que tient chaque matin Chantale Garnier, coprésidente de l’association, le téléphone n’arrête pas de sonner. Les malades de la thyroïde apprennent au fil des minutes la décision de la justice de mettre en examen le laboratoire allemand. La mise en examen est liée aux "modalités d'information mises en place au moment de la transition de l'ancienne à la nouvelle formule en 2017", précise d'elle-même l'entreprise.
Des malades de la thyroïde en souffrance
En 2017, le laboratoire Merck avait changé la formule du Lévothyrox, un médicament destiné aux patients qui souffrent de troubles de la thyroïde. Le Lévothyrox est une hormone de substitution, la lévothyroxine, consommée par près de trois millions de personnes en France.
La composition du médicament a changé fin mars 2017 et des milliers de patients ont fait état de souffrance depuis cette date.
La nouvelle composition du médicament, modifiant certains de ses excipients afin d'apporter davantage de stabilité au produit, a été incriminée, entre mars 2017 et avril 2018, par quelque 31.000 patients souffrant notamment de maux de tête, insomnies, ou de vertiges.
5 ans de combat des malades
Pour Chantale Garnier qui se bat sur ce dossier depuis plus de 5 ans, la décision du pôle santé du tribunal judiciaire de Marseille est une bonne nouvelle. “Pour les malades, c’est un grand pas en avant. Ça nous enlève une épine du pied. Nous ne serons plus considérés comme des hystériques ou nocebo*. Nous espérons que la justice fera son travail jusqu’au bout pour faire reconnaître le travail de l’association sur tous les problèmes du Lévothyrox” explique la co-présidente de l’AFMT qui vit dans le Jura.
Levothyrox : le laboratoire aurait dû informer les patients du changement de formule du médicament
Le pôle santé du tribunal judiciaire de Marseille, vient de mettre en examen le groupe Merck pour tromperie aggravée".
Une enquête pénale pour tromperie aggravée, homicide et blessures involontaires a été ouverte en 2018. Elle est toujours en cours.
Dans le volet civil du dossier, la Cour de cassation avait rejeté en mars le pourvoi du groupe, condamné en 2020 à indemniser plus de 3.300 utilisateurs ayant souffert d'effets secondaires à la suite du changement de formule.
Dans son arrêt, la plus haute juridiction française avait estimé que "lorsque la composition d'un médicament change et que cette évolution de formule n'est pas signalée explicitement dans la notice, le fabricant et l'exploitant peuvent se voir reprocher un défaut d'information", pouvant "causer un préjudice moral".
*Nocebo : Selon l’Inserm, on parle d’effet nocebo lorsque l’effet psychologique ou physiologique associé à la prise d’une substance inerte engendre des effets délétères pour l’individu. À l’inverse, suite à la prise d’une substance inerte, l’effet placebo est lui associé à des bénéfices.
Avec AFP