Ils s’appellent Roni, Hamsa, Ali, Najwa, Abdulhadi ou Gulghoncha. D’Irak, de Syrie ou bien d’Afghanistan, ils sont venus à Poligny, à Perrigny ou à Louhans, pour s’inventer une vie nouvelle sans oublier leur vie d’avant. Le réalisateur Eric Nivot nous livre leurs témoignages.
Ali est Syrien. Il a quitté son pays avec sa famille après le bombardement de sa maison par le régime de Bachar El Assad. En 2019, ils sont accueillis à Perrigny, dans le Jura.
En 2020, Roni et sa famille arrive à Poligny, dans le Jura, après avoir fui les persécutions de l’Etat Islamique en Irak. Avant d’arriver en France, ils ont passé quelques années dans un camp de réfugiés au Liban.
La même année, la famille d’Abdulhadi, chassée d’Afghanistan par l’arrivée au pouvoir des Talibans trouve refuge à Louhans, en Saône-et-Loire.
Le travail et la bienveillante des bénévoles des associations
Pour accompagner ces nouveaux réfugiés qui se retrouvent du jour au lendemain dans un pays dont ils ne maîtrisent pas la langue, des associations se mobilisent.
A Poligny, nous avons eu une demande du service de la Pastorale des Migrants du diocèse pour accueillir une famille indique Bertane Poitou, bénévole aux Couloirs Humanitaires
Le projet Les Couloirs Humanitaires est une structure particulière. Il vient d’un contrat entre l’Etat Français et des structures chrétiennes, catholiques et protestantes, pour accueillir des familles réfugiées dans les camps au Liban.
Quand on connait les conditions de vie dans les camps de réfugiés au Liban, ça me semblait évident de les accueillir !
Bertane Poitou, bénévole aux Couloirs Humanitaires
Bertane fait partie des nombreux bénévoles comme Denise ou Sophie, qui accompagnent la famille de Roni. Petit à petit, des liens d’amitié se forment. Si un jour ils partent, ça va laisser un vide confie Sophie Simon, bénévole aux Couloirs Humanitaires
A Perrigny, c’est l’association l’Accueil Jurassien Intercommunautaire de Réfugiés qui a accueilli Ali et sa famille, originaires de Damas, en Syrie. Cette famille avec 5 enfants attendait depuis environ 5 ans dans un camp en Jordanie.
C'est dans un logement disponible au-dessus de la mairie qu'ils s'installent en mars 2019.
Marc Comment est coordinateur à l’Accueil Jurassien Intercommunautaire de Réfugiés. Selon lui, accueillir une famille de réfugiés c’est tout un programme et c’est tout simple !
Ces familles qui arrivent ont perdues tous leurs repères et tous leurs codes. Les bénévoles de l’association sont présents pour répondre à toutes leurs questions, que ce soit au niveau des actions du quotidien mais également au niveau de nos rites, de nos mythes.
Pour Marc Comment, il est important d’expliquer quels sont nos rites, notamment religieux car la famille habite en face de l’église.
Ils ont leurs propres rites et mythes. Je ne suis pas d’accord pour dire que les gens prennent leur culture et la culture française et les mélangent… Ils ne les mélangent pas, ils les marient et en sortent une nouvelle culture qui est une culture beaucoup plus riche !
Marc Comment, coordinateur à l’Accueil Jurassien Intercommunautaire de Réfugiés
Accueillir une famille de réfugiés, c’est tout d’abord prendre connaissance de la typologie de la famille (nombre de personnes, âge des enfants…).
C’est également préparer un logement adéquat et des colis de nourriture en fonction de leur régime alimentaire indique Élodie Lamberet, conseillère en économie sociale et familiale au sein de l’association Le Pont.
C’est aussi leur expliquer que, malheureusement, pour certains, leur procédure n’aboutira pas et il qu’il faut préparer leur retour "volontaire" dans leur pays
Élodie Lamberet, conseillère en économie sociale et familiale - Association Le Pont
La vie d’après…
Pour Marc Comment, de l’Accueil Jurassien Intercommunautaire de Réfugiés, le plus gros problème à gérer, c’est la langue !
Au départ, c’est grâce à une application de traduction qu’il communique avec Ali et ses proches. Ça nous a permis de beaucoup rire également parce que les traducteurs en ligne disent parfois n’importe quoi !
A Poligny, Elia, le fils de Roni, a intégré l’école de la ville. C’est un jeune garçon plein de vie qui s’exprime maintenant correctement en français.
Sandra Lallemand, directrice d’école, le décrit comme un garçon avec un côté très mature que les autres n’ont pas car il a vu et vécu des choses que les enfants d’ici ont la chance de ne pas connaitre.
C’est bien d’avoir autour de lui des enfants qui ne connaissent pas ces difficultés de la vie car ça lui réapprend à être un enfant
Sandra Lallemand, directrice d’école à Poligny
Le soir, le jeune garçon aime partager de longues parties d’échecs avec son père.
Toutes ces familles frappées par la tragédie témoignent d'un vrai désir d'insertion et d'une immense joie de vivre.
Je les ai accompagnés pendant un certain temps, aujourd’hui on partage une amitié, on s’entraide. La grande chance et la beauté de l’amitié, c’est que ça ne sert à rien !
Marc Comment, coordinateur à l’Accueil Jurassien Intercommunautaire de Réfugiés
Ces parents qui ont fui leur pays aimeraient un avenir meilleur pour leurs enfants. Grâce à l’action des bénévoles, ils trouvent de la chaleur et un espoir dans la vie qu’ils avaient perdu. Tous ont un fort sentiment de reconnaissance envers leur terre d’accueil.
J’aimerai rendre à la France ce qu’elle m’a offert confie Abdulhadi, réfugié afghan.
Le documentaire "L’autre visage des réfugiés" c’est autant d'histoires individuelles qui racontent que l'immigration, l’identité et le territoire ne s'opposent pas.
"L’autre visage des réfugiés", un film d’Eric Nivot
Production Sensito Films
Coproduction France 3 Bourgogne-Franche-Comté