L’élue jurassienne au parlement européen a été exclue le 4 décembre du groupe d’élus LFI siégeant à cette instance. Depuis 2019, l’élue faisait l’objet de signalements de plusieurs salariés pour harcèlement au travail. Dans un communiqué publié le 8 décembre, elle conteste ces "accusations graves" et dénonce les "pratiques antidémocratiques" du groupe parlementaire.
La délégation des députés européens de La France insoumise (LFI) a annoncé avoir exclu de son groupe l'élue Anne-Sophie Pelletier, pour "comportement harcelant, déplacé et agressif" vis-à-vis de 13 assistants parlementaires depuis 2019. Des "accusations graves", contestées dans un communiqué publié vendredi 8 décembre par l'eurodéputée, bien connue dans le Jura pour avoir été porte-parole durant la grève de 117 jours des aides soignants de l'EHPAD des Opalines (Jura) en 2017. Elle était alors aide médico-psychologique.
Anne-Sophie Pelletier annonce déposer une plainte avec constitution de partie civile pour diffamation publique aggravée contre le groupe LFI au Parlement européen.
Un comportement "harcelant, déplacé et aggressif"
La délégation LFI indiquait, dans un communiqué que l'Agence France Presse a pu détailler lundi 4 décembre, que "13 assistants parlementaires" ont fait état de "conditions de travail dégradées et d'un comportement harcelant, déplacé et agressif à leur encontre de la part d'Anne-Sophie Pelletier", depuis le début du mandat en 2019.
"Dans ce contexte, nous avons donc pris la décision d'exclure Anne-Sophie Pelletier de notre délégation", ajoutent les eurodéputés insoumis, jugeant ce comportement "incompatible avec les valeurs" de leur délégation. Cette dernière disait s'être assurée que des mesures soient prises pour protéger les assistants parlementaires "tout en leur permettant de garder leur emploi".
Victime d'un règlement de compte ?
Anne-Sophie Pelletier, qui expliquait à France 3 Franche-Comté avoir appris cette exclusion quelques minutes seulement avant la diffusion du communiqué de presse de LFI, dénonce dans son contre-communiqué des "accusations graves et infondées", "pour lesquelles elle a été totalement blanchie par la présidence du Parlement européen après une enquête du comité anti-harcèlement de l'institution", dont la décision a été rendue en 2021. Ce comité avait reconnu la souffrance des salariés plaignants, mais n'avait pas pu établir que le comportement d'Anne-Sophie Pelletier constituait du "harcèlement moral".
L'eurodéputée s'estime en outre victime d’un règlement de comptes, suite au vote de la résolution du Parlement européen visant à condamner le Hamas après son attaque terroriste contre Israël le 7 octobre dernier. Trois députés européens élus sur la liste LFI se sont prononcés contre. Anne-Sophie Pelletier a, elle, voté en faveur de cette résolution.
Ce serait donc son opinion, en "désaccord avec la ligne politique de la France Insoumise" et "aux consignes de votes émises par la délégation", qui aurait provoqué son éviction. À noter qu'un autre eurodéputé LFI toujours en poste, Emmanuel Maurel, a lui aussi voté en faveur de la résolution.
Une révélation de l'affaire par Médiapart
En décembre 2021, Mediapart, avait fait des révélations sur la députée européenne Anne-Sophie Pelletier, ancienne aide médico-psychologique de l'EHPAD des Opalines à Foucherans (Jura). Elle était accusée de harcèlement et de maltraitance par 8 assistants parlementaires selon Mediapart.
À cette époque, aucune sanction n’avait été prise à son encontre pour son groupe politique. Élue en 2019, Anne-Sophie Pelletier terminera dans quelques mois son mandat de député européen, un mandat de 5 ans. Les prochaines élections européennes sont prévues en juin 2024.