Le 14 juillet commémore la prise de la Bastille par les Parisiens, l’un des événements fondateurs de la Révolution française. Une époque où l’art de la faïence permettra la diffusion en province des idées révolutionnaires. Le jurassien Jacques Guillot collectionne les assiettes qui célèbrent le bicentenaire de la Révolution.
Comme une évidence, c’est en 1989 que Jacques Guillot s’est piqué au jeu du collectionneur. Homme de gauche, féru d’histoire, il achète ses premières assiettes l’année du bicentenaire de la Révolution française. “Je suis républicain dans l’âme” précise l’habitant de Poligny dans le Jura.
Une collection “révolutionnaire”
Et le voilà parcourant les vide-greniers, les brocantes à la recherche d’assiettes éditées au moment du Bicentenaire. “Elles valent entre 10 et 20 euros alors que les originales, celle du XVIIIe siècle, coûtent entre 100 et 500 euros” détaille le collectionneur.
De fil en aiguille, Jacques Guillot approfondit ses connaissances. Trente-cinq ans plus tard, plus de deux cents assiettes sont accrochées sur le mur de son escalier.
Sur le mur, ce sont tous les épisodes de cette partie de l’histoire de France qui est représentée en dessin. Montée en puissance du tiers état face aux deux autres ordres qui accaparaient pouvoir et richesse, mort du roi sur l'échafaud, tout est là sous nos yeux.
Les assiettes sont des objets du quotidien. Autrefois, les familles les plaçaient dans leur vaisselier. Dessiner les épisodes de la Révolution, “cela permettait de diffuser des idées nouvelles jusque dans les campagnes à travers un art populaire” raconte Jacques Guillot
Lors d’une brocante à Salins, le Jurassien tombe sur une assiette qui deviendra une des pièces maîtresses de sa collection.
Des images pour raconter l’Histoire
Bordée de rouge, le dessin raconte l’arrestation du gouverneur de la Bastille. Un événement largement représenté par des peintures ou des gravures.
Il est précisé sur l’assiette que c’est “le Jurassien Joseph Arney” qui arrêtera le marquis de Launay, gouverneur de la Bastille, symbole de l’absolutisme royal. “Pour un rien, vous pouviez vous y retrouver !” nous explique le collectionneur devenu passionné par la Révolution française. Quelque temps plus tard, Jacques Guillot dénichera dans une bourse aux livres de Salins, un ouvrage sur ce Joseph Arney. Il est aussi représenté sur le site Gallica. Le brigadier avait 26 ans et venait de Dole. On dit même qu’il cassa l’épée du gouverneur !
Des collections dans les musées
L’utilisation de la faïence pour diffuser des événements est typique de la Révolution française. “La production est concentrée sur les années 1789 à 1796” précise Jacques Guillot. Le collectionneur est allé au musée de la Céramique à Rouen pour admirer les originaux.
Assiettes, plats, écritoires et bouteilles sont les manifestations dans la terre et dans l’émail des bouleversements politiques, sociaux et économiques de l’époque tels qu’ils ont été vécus par le peuple.
Musée de Rouen
La collection de faïences révolutionnaires du musée Joseph Déchelette de Roanne est aussi impressionnante. Elle est composée de plus de 600 pièces, ayant appartenu au collectionneur Louis Heitschel. Elles ont été acquises par le musée en 1988. La collection est inaugurée en juin 1989 par François Mitterrand. Le président de la République la qualifiera de “véritable chronique sur la fin de la monarchie absolue”. Elle représente une des plus importantes collections de faïences révolutionnaires d’Europe.
Une tradition qui reprit de la vigueur au moment du bicentenaire de la Révolution. Lors de ses vacances en Dordogne, Jacques Guillot a pu acheter au pied du château de Bourdeilles une assiette commémorant les 200 ans de la Révolution.
Qui sait si d’ici plusieurs siècles, celle de Jacques Guillot se retrouvera dans un musée célébrant le bicentenaire de la Révolution !