Pour comprendre comment la ville de Saint-Claude dans le Jura, est devenue la capitale de la pipe, il faut remonter aux origines de la ville, alors qu’elle avait pour seuls habitants des religieux d’une communauté monastique.
Au 5ᵉ siècle s’installent Saint Romain et Saint Lupicin à l’endroit où se rencontrent les rivières La Bienne et Le Tacon, dans la ville de Saint-Claude. Ils y fondent le monastère de Condat, qui deviendra l’Abbaye de Saint-Oyand de Joux.
De la fabrication d’objets de piété à celle de la pipe
Progressivement, la ville fondée autour de l’Abbaye grossit. Au Moyen Âge, les pèlerins affluent de toutes parts pour prier face aux reliques de Saint-Claude, ancien abbé dont le corps fut retrouvé intact quatre siècles après sa mort.
Un artisanat d’objets de piété en bois, comme des chapelets ou des crucifix, se développe. Les artisans qui travaillent le bois présent dans la région, se mettent bientôt à produire des objets profanes à destination des pèlerins. Il s’agit d’abord de jouets, mais avec l’introduction du tabac en France, les ateliers tourneurs s’adaptent. Ils s’initient à la tabletterie pour fabriquer des tabatières et produisent des tuyaux à pipes en bois, en corne ou en porcelaine. Très vite, les artisans commencent à fabriquer des pipes entières, le tout de bois local, en buis, hêtre ou alisier. La pipe de Saint-Claude est née.
Une production qui s’industrialise
À cette époque, la production reste cependant limitée. Il faut attendre la fin du 19ᵉ siècle pour que l’industrie de la pipe du Haut-Jura se développe vraiment. Grâce à l’énergie hydraulique provenant des deux cours d’eau de la ville, des usines remplacent le travail artisanal effectué chez eux par les tourneurs pipiers. La découverte de la bruyère, qui résiste mieux à la chaleur et n’altère pas le goût du tabac, contribue ensuite à l’essor de l’industrie. Plusieurs milliers d’ouvriers travaillent alors dans ce secteur florissant.
Après la guerre 14-18, l’industrie pipière de Saint-Claude est en crise. Si on commence à lui préférer la cigarette, la pipe de Saint-Claude continue à jouir d’une excellente réputation. La production se fait plus artisanale et vient désormais répondre à une demande de connaisseurs.
Un savoir-faire mondialement reconnu
Aujourd’hui, les maîtres pipiers du Haut-Jura sont toujours connus dans le monde entier pour leur travail. C’est cette notoriété qui a poussé Joseph Rimbaud, alias Jojo Rostiak, à s’installer dans le Jura il y a plus de 20 ans pour apprendre le métier de pipier.
Grâce à lui comme à d’autres maîtres pipiers installés dans le coin, la tradition pipière de la région de Saint-Claude a encore de longues années devant elle !
Texte de Léa Spegt.