Confrontée comme de très nombreuses stations françaises à un manque de personnel saisonnier et à la fermeture de certaines remontées mécaniques, celle des Rousses attaque tout de même ce premier week-end de vacances scolaires dans de bonnes dispositions. Le taux d'enneigement est exceptionnel.
Sébastien Benoit-Guyod se voulait confiant. Il a le moral, la situation de sa station est "plutôt bonne". Ce jeudi 16 décembre, veille du début des vacances scolaires, premier temps fort de la saison hivernale aux Rousses, l'heure n'était pas à l'inquiétude pour le président du Syndicat mixte du développement touristique (SMDT) de la station. "Les conditions d'enneigement sont juste fantastiques avec des paysages fantastiques, avec des taux de réservation plutôt excellents."
Il détaille : "Un taux d'ouverture sur le nordique à 100 % au niveau de nos pistes, un taux d'ouverture d'alpin très très bon en termes de kilomètres de pistes... On ouvre quasiment partout !"
On a souvent de la neige à cette époque mais dans des quantités assez importantes, c'est assez rare.
Sébastien Benoit-Guyod
Des conditions météorologiques qui n'ont rien à voir avec celles de 2019 ou d'années précédentes : cette fois, la neige est abondante dès le mois de décembre. "Le manteau neigeux est d'une qualité et d'une épaisseur exceptionnelle à la mi-décembre. On a souvent de la neige à cette époque mais dans des quantités assez importantes, c'est assez rare. On a tout ce qu'il faut pour contenter les gens qui souhaitent venir chez nous."
Dans cette station du Haut-Jura, deux nouveaux appareils ont été mis en service début décembre. "Ils contentent énormément de clients." Pour fluidifier le trafic, le contrôle des forfaits change. Sébastien Benoit-Guyod explique : "C'est un système de contrôle magnétique des forfaits qui permet d'avoir une souplesse d'utilisation des remontées mécaniques avec un 'quatre heures glissantes' où les gens choisissent la période la plus propice pour eux pour skier pendant quatre heures, c'est ce qui a remplacé l'ancienne demi-journée qui était très figée."
Il résume le début de saison : "On a augmenté le débit, on a de la fluidité sur nos équipements et sur les pistes, on est dans une bonne dynamique, le moral est bon au-delà de ces problématiques."
Une quarantaine de postes manquants, le Noirmont et la Combe du Lac fermés
Sébastien Benoit-Guyod ne le nie pas : il y a bien une pénurie de travailleurs saisonniers aux Rousses. "C'est une certitude." Ce jeudi 16 décembre, 38 postes n'étaient pas pourvus, surtout des conducteurs de remontées mécaniques et des hôtes et hôtesses de vente. "On est confrontés à des problématiques de personnels comme toutes les stations de France et dans tous les secteurs d'activité. Le monde du tourisme souffre pour recruter des saisonniers", se défend le président du SMDT.
Comment expliquer ce manque de travailleurs, alors que la station en a besoin de 128 pour fonctionner pleinement ? Il cite, pêle-mêle : "Covid, changement de comportement, des gens qui ont changé de voie, qui se sont reclassés dans d'autres domaines, la problématique des travailleurs saisonniers avec la réforme de l'assurance chômage, le pass sanitaire sur certains postes de travail qui fait qu'on en a perdu une quinzaine sur ces dernières semaines."
On utilise nos personnels au maximum de l'amplitude horaire, ça ne crée pas de tension, mais on n'est pas en capacité d'avoir de la marge.
Sébastien Benoit-Guyod
Conséquence logique de ce manque de personnel, des remontées mécaniques seront fermées durant les vacances de Noël. Le massif du Noirmont et le secteur de la Combe du Lac sont concernés. "Les quelques remontées mécaniques les moins fréquentées resteront fermées, est-il précisé dans un communiqué de la station. Pour autant, le réseau de pistes sera ouvert à 85 % sur le massif Dôle-Tuffes." "On a des remontées en doublons qu'on ne peut pas ouvrir", précise Sébastien Benoit-Guyod.
"Il nous reste 48 heures pour trouver des solutions pour afficher un taux d'ouverture maximum", affirme-t-il. Le but, en fermant plusieurs remontées mécaniques, est de ne pas surcharger les près de 100 personnes qui feront tourner la station et ce malgré le possible allongement des files d'attente. "On utilise nos personnels au maximum de l'amplitude horaire, ça ne crée pas de tension, mais on n'est pas en capacité d'avoir de la marge. Si on avait de la marge, on ouvrirait plus. Avec les personnels qu'on a, on est au maximum de ce qu'on peut faire."
Sébastien Benoit-Guyod en appelle désormais "au sursaut des personnels en capacité de venir gonfler nos rangs". Le personnel de la station des Rousses est lancé dans une course contre-la-montre.