L'enquête pour "homicide involontaire" et "mise en danger de la vie d'autrui", ouverte après le décès du docteur Loupiac, médecin urgentiste du Jura des suites du Covid-19 en 2020, vient d'être classée sans suite. Son épouse réagit.
"Je ne m'y attendais pas. J’étais consternée quand j'ai appris cette décision. Je suis dans une incompréhension totale. Pourquoi cette attente de plus de deux ans pour en arriver là ?" s'indigne Claire Loupiac, jointe par nos soins après l'annonce du classement sans suite de sa plainte déposée contre X à la suite de la mort de son mari Éric Loupiac.
"L'enquête n'a pas établi de charge" contre le centre hospitalier de Lons-le-Saunier où exerçait l'urgentiste ou contre son équipe de direction, a indiqué dans un communiqué le procureur Lionel Pascal. "Par conséquent, la procédure a fait l'objet d'un classement sans suite". Les investigations ont montré "qu'un protocole sanitaire avait été mis en place" par l'établissement "bien avant la contamination du Dr Loupiac", a-t-il relevé.
"Il avait lancé des messages d’alerte à sa direction"
"Je suis surprise par ces justifications. J’ai même l’impression qu’on nie les compétences de mon mari. Il était médecin militaire, formé en médecine de catastrophe. Il savait que l’essentiel dans une épidémie c’était l’anticipation. Il avait lancé des messages d’alerte à sa direction" détaille l'épouse de ce médecin très engagé dans la sauvegarde des moyens pour l'hôpital public.
Éric Loupiac, médecin urgentiste de 60 ans était également délégué de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) dans le Jura. Il est décédé le 23 avril 2020, en réanimation à Marseille où il avait voulu se faire soigner par les équipes du Pr Didier Raoult.
Si on écoute pas les médecins mais où va-t-on. J’ai l’impression que le manque d’anticipation est toujours là.
Claire Loupiac, veuve du docteur Éric Loupiac
Son épouse estime qu'il a été contaminé par le virus sur son lieu de travail, sa famille étant confinée depuis plusieurs semaines en raison des fortes craintes de son mari de voir le virus se propager rapidement. "Il savait que l’hôpital n’était pas suffisamment préparé. Il me l’avait dit très souvent."
Claire Loupiac dénonçait lors de sa plainte des "manquements aux obligations de sécurité qui incombaient à l'hôpital" ainsi que "l'absence de protections adéquates des soignants" qui ne disposaient pas d'un nombre suffisant de masques FFP2. "J’ai tout perdu. J’ai mes enfants mais mon mari c’était tout pour moi... Je peux aller très très loin pour lui. Mes enfants sont comme moi, ils n’ont pas compris cette décision, explique-t-elle. Je peux d’ores et déjà vous dire que je ne vais pas en rester là."