"On avait les poils qui se dressaient", ses chevaux ont participé au tournage du film Le comte de Monte-Cristo

À Paris, en Bretagne, en Belgique, les chevaux comtois ont voyagé dans toute la France pour ce tournage. Cinq chevaux des Attelages du Val d'Amour de Brevans (Jura) ont participé au film Le Comte de Monte-Cristo des réalisateurs Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte.

C'est un acteur pas comme les autres. Eddy, un cheval de trait reconnaissable par sa crinière claire, figure dans le célèbre film Le comte de Monte-Cristo sorti en salle le 28 juin 2024 avec Pierre Niney comme tête d'affiche. Avec quatre autres chevaux provenant aussi des Attelages du val d'Amour à Brevans (Jura), il a été sélectionné pour ce casting un peu particulier.

Le haras a aussi fourni les attelages. "On a assez d'attelage pour pouvoir répondre à plusieurs époques. L'époque de Monte-Cristo est parmi la plus présente dans nos attelages", précise Julien Dubois, gérant des Attelages du Val d'amour. 

Un tournage long et technique 

Ces chevaux ont notamment tourné une scène dans une rue devant l'église lors de l'arrivée de Monte-Cristo pour le mariage de Mercedes. "Les scènes sont recommencées plusieurs fois sous chaque angle", raconte Julien Dubois, gérant des Attelages du Val d'Amour au micro de notre journaliste Norbert Evangelista. "La rue était tellement étroite qu'on ne pouvait pas se retourner au bout de la rue et qu'on était obligé de dételer les chevaux et de repousser la calèche à la main au fond de la rue pour recommencer la scène", se souvient-il.

Pour tourner ces scènes, plusieurs caméras ont été placées à des endroits stratégiques sur les voitures, d'autres ont été disposées autour de la voiture sur des rails avec des wagons. "Après, pour tout ce qui est dialogues, en général, on a même plus besoin des chevaux", assure Julien Dubois. "Les dialogues se font par la suite. On peut simuler nous-mêmes le mouvement" en joignant le geste à la parole. Il suffit de secouer légèrement la calèche.

Les Comtois, une race faite pour le cinéma ! 

À l’époque du comte de Monte Cristo, ce n'étaient pas des chevaux de trait qui tiraient les attelages. “À l’époque, on retrouvait les chevaux de trait dans les fermes ou quand on les voyait au centre-ville, c’était des voitures de livraison alors que pour les carrosses c'étaient plutôt des chevaux de selle”, explique l’éleveur. C’est en raison de l’attente qui peut être très longue dans le cinéma que les chevaux de trait sont souvent utilisés. “On a la chance d’avoir une race qui se prête très bien au cinéma. C’est une race qui est très calme, très posée, avec un tempérament froid”. La bonne entente entre les chevaux et l’éleveur joue aussi : “Ils nous font énormément confiance et sont capables de patienter des heures devant les attelages”.

“A 6h30 du matin, on avait les poils qui se dressaient”

Les chevaux se sont rendus à Paris (place de la Concorde et devant le musée du Louvres), en Bretagne et en Belgique. “Quand on a tourné place de la Concorde, on avait mobilisé toute la place pour nous. Donc c’était silence radio, il n’y avait pas de voiture, pas de circulation”, se souvient le Jurassien. Il poursuit avec émotion : “Au lever du jour, à 6h30 du matin, on avait les poils qui se dressaient. J’en avais presque les larmes aux yeux de voir mes attelages comme à l’époque avec tout le monde habillé autour”. 

C’est gratifiant de pouvoir jouer dans des lieux insolites.

Julien Dubois, gérant des Attelages du Val d’Amour

Parmi les cinq chevaux castés, c’est Eddy que l’on voit le plus. Le cheval, âgé de dix ans est particulièrement à l’aise avec l’exercice. Depuis cinq ans, il participe à l’émission Secrets d’histoire présentée par Stéphane Bern. Tous les ans, il est présent dans plusieurs films et séries. “Il se prête bien au jeu. C’est quelque chose qu’il apprécie énormément”, souligne Julien. Cela démontre leur grande intelligence : “Ils savent faire la différence entre les types de prestations. Pour le cinéma, il reconnaît quand on dit “silence, plateau et action”. On n’a plus besoin de lui dire, il démarre tout seul”. 

Pour pouvoir vivre de l’élevage de chevaux de trait, Les Attelages du Val d’Amour a dû se diversifier. Les chevaux servent à l’attelage et travaillent pour la ville. “Ramassage des poubelles sèches, entretien des voies vertes, promenade touristique et récemment plus de l’événementiel avec le marché de Noël, les mariages”, énumère Julien. Des attelages ont aussi été adaptés pour pouvoir être utilisés par des personnes à mobilité réduite.