Comment préserver la biodiversité de nos forêts ? Des petites communes espèrent voir certaines de leurs parcelles boisées devenir des zones protégées par un contrat Natura 2000. Exemple à Châtenois (Jura), dans le massif de la Serre.
Préserver ses forêts de toute exploitation, au bénéfice de la faune et de la flore locale. Voilà la volonté de plusieurs petites communes, dont celle de Châtenois (Jura). La volonté est louable et possible grâce à un outil : le programme Natura 2000, réseau européen de sites naturels destiné à protéger des espèces et des habitats tout en maintenant des activités socio-économiques
"Pour mettre en œuvre un contrat Natura 2000, on fait ce qu'on appelle un inventaire de chacun des arbres. On parcourt toute la parcelle pour repérer les différents arbres qui vont être éligibles", explique Adeline Franzoni, chargée de mission Natura 2000, au micro de nos journalistes Lucas Héritier, Florence Cicolella et Denis Colle. Pour que la parcelle soit éligible, il faut un certain nombre d'arbres : "Au minimum dix par hectares. Et sur ces arbres, on va regarder leur diamètre, les essences et les critères de micro-habitat".
Pour réaliser cet inventaire, plusieurs habitants du village parcourent donc le massif de la Serre depuis quelques jours, accompagné de membres du réseau Natura 2000. Si les parcelles sont éligibles, il faudra alors convaincre les propriétaires de s'engager dans un contrat Natura 2000. Si ils répondent positivement, l'espace boisé sera préservé pendant 30 ans.
"L'arbre ne va pas être touché. Il n'y aura aucune exploitation forestière sur l'ensemble de la parcelle", assure Adeline Franzonie. Les propriétaires des forêts, des particuliers ou les communes percevront en retour une compensation financière.
Préserver les espèces présentes
Avec cet inventaire, Châtenois (Jura) espère voir reconnaître une troisième de ses parcelles comme zones protégées. L'objectif premier : préserver la biodiversité actuellement présente : "On a toutes les espèces de pic qu'on peut trouver en plaine qui sont présentes au sein du massif [de la Serre]. Donc l'idée est de maintenir ces espèces et qu'elles puissent augmenter en termes d'effectifs". C'est également le cas des chauves-souris qui fonctionnent en réseau. Elles ont besoin de plusieurs arbres pour pouvoir vivre et avoir assez de loges pour se maintenir dans le temps.
Concernant les insectes, certaines espèces peuvent potentiellement réapparaître grâce à cette préservation. "Elles peuvent vraiment occuper des habitats bien particuliers qui n'existent pas forcément en quantité sur le massif", précise la chargée de mission Natura 2000. Les branches mortes, laissées à l'abandon, deviennent de la nourriture pour les insectes. "Ça va permettre d'alimenter la chaîne alimentaire de toutes les autres espèces", souligne-t-elle.
Ça peut amener de nouvelles espèces au cours du temps.
Adeline Franzoni, chargée de mission Natura 2000
Pour Dominique Boireau, habitant de la commune de Châtenois, ce dispositif ne signifie pas une grosse perte de revenus pour les municipalités. "On a un gros stock de bois vendu par l'ONF [Office national des forêts] ça fait une rentrée d'argent. Et dans les parcelles choisies [pour être des zones protégées] les arbres vont continuer de grandir. C'est peut-être de l'argent qui reviendra aux enfants" développe-t-il. En France, il existe 1 753 sites Natura 2000.