Ce jeudi 16 décembre, la cour d’appel de Dijon se prononçait sur le recours déposé par les salariés suite à la liquidation judiciaire prononcée le 22 juin 2021. L’ultime espoir des ex-salariés de l'usine de Saint-Claude dans la Jura, de voir la justice s’opposer à cette liquidation vient de s’envoler.
L'espoir était mince. Le couperet de la cour d'appel sonne le mot fin pour la fonderie du Jura. MBF travaillait pour les sous-traitants automobiles Renault et Stellantis. Dans le Haut-Jura, l’usine de Saint-Claude employait encore en juin dernier 270 personnes. Elle fabriquait des pièces de moteurs hybrides. Les commandes des constructeurs ont diminué au fil des mois. L'entreprise était placée en redressement judiciaire depuis novembre 2020. Le tribunal de commerce avait liquidé MBF en soulignant le manque de garanties de la seule offre de reprise alors déposée, celle de l'entrepreneur français Michaël Azoulay.
Depuis un an, MBF a de plus accumulé de nouvelles dettes, pour 7,310 millions d'euros, selon le ministère public.
La décision de la cour d'appel, ne surprend pas les anciens salariés. Ils n'étaient que deux à venir chercher la décision du tribunal. La colère est là. "Nous avions mis en place une Scoop qui pouvait marcher, et nous nous sommes fait abuser par les clients Renault et Stellantis avec la complicité de l'Etat" réagit Koray Sukran.
Scop, l'ultime espoir d'un redémarrage ?
Une petite centaine d’anciens salariés avaient encore l’espoir de voir l’activité de leur fonderie redémarrer. Leur objectif : monter une SCOP, société coopérative et participative. Les machines étaient toujours sur site, et préservées.
Mais encore faut-il un carnet de commandes suffisant pour espérer voir redémarrer l’activité. Stellantis s’était engagé à soutenir la Scop (société coopérative et participative) en fournissant 30% des commandes antérieures. Le groupe automobile a finalement fait machine arrière. Stellantis affirme ne pas s’être engagé, qu’il s’agissait juste d’une base de travail et en aucun cas d’une promesse même s’il suit « ce projet de scop avec attention ». Stellantis rappelle aussi que MBF ne produit plus depuis avril 2021 et qu’il s’est tourné entre-temps vers d’autres fournisseurs. Quant à Renault, les ex-salariés n’avaient plus, il y a trois semaines, de nouvelles du groupe. Par désespoir, ils avaient incendié quelques vieilles machines devant l’usine. Renault finalement n'a pas donné suite.
Dans un post facebook publié le 7 décembre, le député de la Somme François Ruffin (LFI) a interpellé Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, accusant l’Etat d’avoir abandonné les “MBF”. "Avant l’été, les promesses ont fleuri pour l’entreprise MBF, dans le Jura, pour les salariés prêts à reprendre leur société en coopérative. Il y aurait, vous le garantissiez, un plan d’action de l’État pour aider les fonderies à « se réinventer ». Du côté de PSA, l’engagement, c’était de maintenir les commandes comme prévu jusqu’à 2025. Renault aiderait également à la construction du projet. Tous ces engagements, les ex-salariés de MBF Aluminium y ont cru, lorsqu’ils portaient leur projet de SCOP. Six mois plus tard c’est la trahison. PSA ne prévoit d’honorer que 30 % des commandes prévues. Renault ne dit toujours pas quand et combien. Et l’État ? Il est absent" dénonçait le député.
La Région Bourgogne-Franche-Comté s'était engagée elle à soutenir la Scop si les commandes étaient au rendez-vous.
Avec la confirmation de la liquidation, le site de MBF va pouvoir être mis en vente par l'administrateur judiciaire. Les machines étaient en location leasing. Les anciens salariés doivent se réunir en fin de semaine en assemblée générale pour décider de la poursuite de la mobilisation.
D'autres fonderies de France dans la tourmente
Bosch va supprimer 750 emplois à Rodez en Aveyron, où la fonderie SAM de Viviers (350 salariés) est en liquidation, lâchée par son client Renault, après les fermetures cette année de MBF Aluminium à Saint-Claude (Jura, 260 salariés) et de la Fonderie du Poitou Fonte à Ingrandes (Vienne, 288 salariés). A Saint-Claude, "en cinq mois, seulement 32 salariés sur 250 ont retrouvé un CDI" affirme Nail Yalcin, métallo CGT.