Un chamois blanc, en compagnie de ses congénères. C'est la jolie rencontre qu'un photographe animalier originaire de Franche-Comté, Alain Prêtre, a partagé sur les réseaux sociaux.
Un pelage blanc comme la neige, des oreilles rectilignes, une bouche et des yeux malicieux : tel est le chamois blanc photographié par Alain Prêtre dans le Jura. Partagée sur les réseaux sociaux ce lundi 23 octobre, la photo a suscité de nombreuses réactions d'étonnement et d'émerveillement.
Une mutation génétique rare
Cette photo appartient à une série d'images qu'Alain Prêtre a prises, au printemps 2023 et à l'été 2022. Ces clichés, "percutants", selon ses mots, il a choisi de ne pas les publier immédiatement. "Je suis très discret, je fais attention", explique le photographe, "c'est pour la tranquillité et la quiétude des animaux". "Avec les moyens de communication actuelle", poursuit-il, "la plume de l'oiseau, elle est à peine tombée au sol, que c'est la ruée des photographes".
Du fait de leur couleur, les chamois leuciques sont particulièrement vulnérables : "c'est extrêmement rare, car sa couleur le rend vulnérable aux prédateurs comme le lynx, ainsi qu'aux chasseurs qui y voient un trophée d'exception" précise Alain Prêtre.
Comment expliquer que ce chamois soit blanc ? "C'est un chamois leucique, car il a des petites tâches" décrit Alain Prêtre. Le leucisme est une anomalie génétique rare, du même type de l'albinisme, qui neutralise l'expression des pigments. Le leucisme est cependant une forme atténuée de l'albinisme. Contrairement aux animaux albinos qui ont généralement une très mauvaise vue à la lumière, les animaux leuciques voient bien. Le photographe d'origine franc-comtoise n'a encore jamais croisé d'espèce albinos aux yeux rouges.
Son animal fétiche
Établi en Suisse à la Chaux-de-Fonds, Alain Prêtre a une relation particulière avec le chamois. "C'est mon animal fétiche, celui qui m'a donné envie de faire de la photographie animalière", révèle-t-il. "J'ai rencontré mon premier leucique il y a 40 ans lors d'un tournage avec France 3 dans les falaises du Mont d'or".
Si Alain Prêtre n'a vu que cinq chamois blancs sur ces 40 ans, il a pu en photographier deux lors des 18 derniers mois dans le Jura et dans la vallée du Dessoubre (Doubs).
Alors qu'une espèce a été braconnée du côté de Villers-le-Lac en 2015, les chamois semblent avoir développé une solidarité pour leur camarade immaculé. "On pourrait imaginer qu'il soit mis de côté, mais c'est tout le contraire", observe Alain Prêtre, qui voit dans la vie en communauté des chamois, un moyen de se protéger, surtout quand les effectifs se réduisent ces dernières années en Europe.
En attendant la fin de la météo pluvieuse qui rend difficile la photographie animalière et l'arrivée des neiges d'hiver qui permettra au chamois blanc de se fondre dans le paysage, Alain Prêtre va encore poster quelques photos.
"J'y vois une vraie note de poésie", conclut-il. "Plutôt que d'en faire un trophée potentiel, il faudrait se réjouir de sa présence". Le photographe confie qu'il y a, à sa connaissance, toujours deux individus leuciques vivants dans les montagnes jurassiennes.