La courtilière, présente dans les jardins et les potagers. creuse des galeries dans les sous-sols et chante une fois la nuit tombée. Trois associations de Bourgogne-Franche-Comté incitent le grand public à mentionner dans un formulaire sur internet toute observation de cet insecte.
Avec sa tête imposante, ses pattes en forme de pelle et son puissant chant que l’on peut attendre jusqu’à 500 mètres les soirs d’avril à juillet, on pourrait croire qu’elle est sortie tout droit d’un film d’animation dont les insectes seraient les personnages principaux. Mais la courtilière est bien réelle et il est possible de la rencontrer dans nos jardins. Pour mieux connaître ce petit être vivant atypique et déterminer sa répartition en Bourgogne-France-Comté, trois associations locales mènent ensemble une enquête.
Présente dans les prairies, les pépinières et les jardins, les courtils en vieux français, d'où son nom, la courtilière sait se faire discrète. L’insecte de 4 à 5 cm se déplace essentiellement dans des galeries qu’il creuse grâce à ses pattes larges. Ses griffes lui confèrent des allures de taupe. Dans les sous-sols, la petite bête roussâtre se nourrit essentiellement de larves et de vers. Omnivore, elle s’attaque également aux racines, dont elle se délecte la nuit tombée, dans le calme des plantations.
La page dédiée au petit animal, "Le jardin de la Courtilière" a pu prendre une photo de cet insecte atypique :
Celle que l’on surnomme aussi taupe-grillon pour sa capacité à creuser les sols comme la taupe et son goût prononcé pour le chant tel le grillon, ne sort que les soirs de printemps et d’été pour déployer ses ailes. Son chant, ou sa stridulation, est perceptible à plus de 500m. Il permet notamment aux mâles adultes de marquer leur territoire et de séduire les courtilières femelles en les attirant dans leurs terriers pour se reproduire.
Présente dans 440 communes de la région
Dans la région, l’espèce est mentionnée dans 440 communes depuis 2019. Année à partir de laquelle la Société d’histoire naturelle d’Autun-Observatoire de la faune de Bourgogne (SHNA-OFAB), le Conservatoire botanique national de Franche-Comté-Observatoire régional des invertébrés (CBNFC-ORI) et l’Office pour les insectes et leur environnement de Franche-Comté (OPIE FC) ont commencé à mener des études sur elle.
"L’objectif, c’est de faire participer le grand public. On recherche à acquérir des connaissances et savoir comment se répartit dans la région une espèce qui nous intéresse et qui est aisément identifiable par le public lorsqu’elle sort ou chante", détaille Quentin Barbotte, entomologiste à la SHFA-OFAB.
En 2020, la courtilière a été repérée dans 55 villes, dont 33 nouvelles. "Sa présence est liée à des milieux frais et humides. On la retrouve dans des zones avec des cours d’eau, comme les grandes vallées de la Saône, du Doubs ou du Morvan", précise Quentin Barbotte.
Mais plusieurs zones de la région restent encore à inspecter, et les trois collectifs locaux ont lancé un nouveau processus d’enquête publique. Jusqu’au 30 juin prochain, tout agriculteur ou jardinier de Bourgogne peut délivrer ses informations et observations en remplissant un formulaire. Une phase qui correspond au pic d’activité du petit insecte dans le secteur.
"D’avril à juin, c’est la période où il sort fréquemment de son terrier. En Bourgogne, le volume d’enquêtes correspond à ce moment où il est le plus facile de le voir et de l’entendre", détaille l’entomologiste. En Franche-Comté, on peut observer les taupes-grillons jusqu'en septembre.
Un nuisible pour les agriculteurs
L’enquête a aussi des vertus pédagogiques. "Il y a un aspect de sensibilisation à cette espèce et à la biodiversité en général, car la courtilière a mauvaise presse", présente le scientifique.
L’insecte chantant est en effet perçu comme un nuisible et est traqué par les agriculteurs à coups de pesticides. Son œuvre dans les sous-sols des jardins n’est pas sans conséquence pour les plantations. Quelque peu têtue, la bête creuse tête baissée et arrache les racines au lieu de les contourner.
L’espèce est d’ailleurs en danger dans plusieurs pays européens. Dans la région, si son nombre de représentants a baissé, la courtilière reste bien présente. "On suppose qu’elle se porte relativement bien, mais chez nos voisins plus à l’est, elle régresse et est menacée", confie Quentin Barbotte.
Un allié en devenir
Pour les trois associations de Bourgogne-Franche-Comté, la taupe-grillon pourrait pourtant être une alliée de l’agriculture locale grâce à son goût pour les larves. "Elle peut avoir un rôle important en s’attaquant aux larves dont beaucoup sont phytophages et mangent des végétaux. La courtilière consomme et régule des espèces néfastes pour les cultures" assure l'entomologiste.
Plutôt que de la tuer, les collectifs préconisent des méthodes naturelles pour la pousser à quitter les jardins. Car le petit insecte a l’odorat sensible. La simple plantation de la Rue des jardins ou des fritillaires le forcera à quitter les lieux et à creuser ses galeries ailleurs. Le marc de café pourrait également avoir les mêmes effets.
Pour continuer à en apprendre sur cet insecte singulier, les habitants de Bourgogne peuvent transmettre leurs informations sur ce lien et ceux de Franche-Comté sur cette page.