C'est une histoire peu commune qui se déroule à Varennes-lès-Narcy dans la Nièvre. Un circuit de canalisation d'eau empêche la construction d'une extension de maison et sème le trouble dans le petit village nivernais.
Une canalisation publique sur un terrain privé. Des opérateurs privés qui renvoient vers le public et inversement. Résultat : des travaux à l’arrêt et une situation kafkaïenne. Nathalie vit à Varennes-lès-Narcy, un village de 900 habitants entre Nevers et Cosne-Cours-sur-Loire, dans la Nièvre.
Elle souhaite construire une extension à sa maison et creuser une piscine. Alors en avril 2019 elle en fait la demande auprès de la mairie, par le biais d'un permis de construire. Deux ans plus tard, et bien que ce dernier ait été signé par la mairie, les travaux n'ont toujours pas commencé chez Nathalie.
Pour cause, cette dernière abrite sur son propre terrain, à l'emplacement où elle souhaite faire ses travaux, les canalisations d'eau de ses voisins. Une exception malheureuse.
"Les canalisations longent ma maison et desservent mes voisins, explique-t-elle. Je suis propriétaire depuis dix-neuf ans, mais je ne le savais pas en achetant la maison. En plus, mes voisins ont érigé un mur en parpaing, ce qui fait qu'ils n'ont plus accès à leur branchement d'eau mais ces derniers sont restés sur ma parcelle et je ne peux toujours faire mon extension", regrette Nathalie.
"Pourquoi ce serait à moi de supporter cela ?"
Elle poursuit : "D'un côté, le maire dit qu'il s'agit de droit privé et qu’il n’interviendra jamais, et de l'autre le syndicat des eaux n'a pas daigné répondre à mon avocat. Les deux se renvoient la balle et moi au milieu je ne peux rien faire".
De son côté, M. le maire confirme, il s'agit d'une propriété privée et il n'est pas en son pouvoir d'intervenir : " J'ai été élu en mars 2020 et j'ai pris cette affaire en cours de route. Je suis allé voir un avocat qui m'a expliqué qu'il s'agissait de droit privé et que la mairie ne pouvait pas intervenir. "
Selon l’élu, la situation est due aux anciens propriétaires. "Les canalisations ont toujours existé, c'était déjà comme cela quand ce couple a acheté la maison, répond la mairie. Il s'agit de canalisations descendantes puisque dans le temps, il s'agissait d'une seule et même maison".
Il ajoute : "Mon avocat m'a précisé que la seule chose que je pouvais faire, c'était de conseiller à ces deux familles de se tourner vers un conciliateur de justice, chose que Madame L. a refusé de faire par deux fois. Il s'agit d'une querelle de clocher."
Une solution existerait néanmoins, déplacer les canalisations d'eau. Mais, de l'avis du maire, ces travaux seraient "trop coûteux pour ne profiter qu'à une seule habitation. On ne va pas faire une pompe de relevage pour une seule famille ".
Bien décidée à aller au bout de cette procédure, Nathalie s'est aussi attaché les services d'un avocat. Elle entend maintenant faire appel à un expert judiciaire.