Lundi 4 avril 2022, une centrale hydroélectrique a été inaugurée à Guérigny, sur le site des anciennes Forges Royales. Le projet a mis plusieurs années avant de pouvoir se monter, grâce à un financement mixte privé/public.
Les énergies renouvelables sont dans la lumière, alors que le prix du Kilowatt grimpe actuellement en France. Toute initiative permettant de fabriquer de l'électricité renouvelable est un pas de plus vers l'autonomie énergétique.
Un site historique classé
L'étude de faisabilité remonte à 2007. Le premier scénario avec une turbine de type Kaplan entraînait des travaux de génie civil trop importants pour le site classé aux Monuments Historiques.
Deux anciennes turbines à vis sont présentes (datant de 1900) et appartiennent au patrimoine industriel inscrit du site historique.
Il avait été envisagé de les réutiliser pour actionner des génératrices, mais l'étude de faisabilité imposait un démontage pour expertise et "tout un tas d'incertitudes sur le rendement de production électrique de ces turbines", selon Ludovic Couture, responsable du pôle de conseil en énergie partagé au SIEEEN (Syndicat Intercommunal d’Énergies, d’Équipement et d’Environnement de la Nièvre).
Pour bénéficier de l'aménagement hydraulique déjà existant sur le site des Forges Royales, le choix s'est porté sur une génératrice moderne à vis hydrodynamique de 54kW, placée à côté des anciennes turbines. Cela a été un choix qui s'imposait en 2014. "C'est une technologie de turbine qui est apparue dans les années 2010, idéale pour les faibles hauteurs d'eau. C'est une technologie vieille comme le monde, sur le principe de la vis d'Archimède", commente Ludovic Couture.
Un investissement de 650 000 euros
"L'installation complète de la turbine à vis et des travaux de génie civil ont coûté 653 000 euros", selon Ludovic Couture. "C'est un investissement conséquent, on est sur une installation dont le temps de retour sur investissement est de 18 ans, qui est relativement long."
Le projet a été financé par la Société d'Economie Mixte Nièvre Energies, et par le SIEEEN. "Ce sont des collectivités qui sont principalement actionnaires", rassure Ludovic Couture.
Devant le montant de l'investissement, on peut s'interroger sur la rentabilité d'une telle installation. Mais Ludovic Couture pondère : "c'est un équipement pérenne, les travaux de génie civil sont faits pour 50 ans, la turbine elle-même est durable. C'est un équipement qu'on peut se permettre d'amortir sur 30 ou 40 ans."
"Pas une installation d'auto-consommation"
La centrale hydroélectrique n'est pas destinée à alimenter le village de Guérigny, mais renvoie les kilowatts fabriqués dans le réseau Enedis, "cette centrale n'est pas conçue pour une auto-consommation."
« Nous prévoyons de produire environ 316.000 kWh d’électricité par an », déclare le conseiller en énergie du SIEEEN. Il faut en effet compter 3000kWh de consommation annuelle par foyer.
L'opportunité d'un tel projet résonne avec la hausse récente des tarifs de l'énergie : "On le voit avec la crise qu'on subit actuellement. Ce type de projet participe, à son échelle, à atteindre les objectifs qu'on s'est fixés et à l'indépendance énergétique de la France, et le développement des énergies renouvelables."
Les Forges Royales de Guérigny
Situées à la confluence des deux rivières Nièvre, la Nièvre d’Arzembouy et la Nièvre de Champlemy, les Forges Royales datent des XVIIIe et XIX siècles.
Les Forges ont fourni la Marine Royale en pièces métalliques de sécurité (ancres et chaînes), et sur ce lieu, la force de l’eau a joué un rôle essentiel.
Elle activait des turbines où la force de l'eau était récupérée mécaniquement pour faire fonctionner des machines jusque dans les années 1900.