Les indicateurs n'étaient pas bons. Avec un taux d'incidence multiplié par deux en 15 jours et une croissance toujours à la hausse, la Nièvre devrait bientôt connaitre de nouvelles mesures de restriction. Ce mercredi 24 mars, c'est le porte-parole du gouvernement qui l'annonce.
Le Rhône, l'Aube et la Nièvre devraient passer sous mesures de freinage renforcées. C'est ce qu'annonce ce mercredi 24 mars à la mi journée le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal. Il s'exprimait à la sortie du conseil des ministres et du conseil de défense sanitaire qui se tenaient un peu plus tôt dans la matinée pour examiner l'éventualité d'adapter le dispositif de lutte contre l'épidémie de Covid-19..
Depuis deux semaines, le taux d'incidence pour 100 000 habitants a plus que doublé dans la Nièvre. Il était de 146 au début du mois de mars. Il est de 329 le 20 mars dernier (dernières données disponibles), largement au dessus du seuil d'alerte fixé à 250 pour 100 000 habitants. "On est à ce jour le département de Bourgogne Franche-Comté qui a le taux d’incidence le plus élevé", confirme Régis Dindaud, délégué départemental de l'Agence régionale de santé.
La Nièvre pourrait donc rejoindre les 16 départements déjà placés sous vigilance renforcée depuis une semaine. "Des concertations auront lieu cet après-midi" pour faire passer ces départements sous régime renforcé, a-t-il précisé. La décision ne pourrait cependant être annoncée que ce jeudi, lors de l'habituelle conférence de presse hebdomadaire. "Des concertations entre le préfet et les élus sont en cours", nous confirme Régis Dindaud, délégué départemental de l'Agence régionale de santé. "Des mesures devraient être mises en oeuvre dès la fin de semaine."
Aucun autre département de Bourgogne Franche-Comté n'a été mentionné pour l'instant. Trois départements connaissent pourtant un taux d'incidence supérieur au seuil d'alerte : le Doubs (276), le Jura (265) et l'Yonne (264).
Concrètement, comme dans les 16 départements déjà concernés, les commerces non essentiels pourraient fermer. Des restrictions de déplacement au delà de 10 km sont également possibles. Pas forcément significatif selon le président du conseil départemental de la Nièvre. "Est-ce que reconfiner aurait du sens ?" se demande Alain Lassus. "Cela n’aurait du sens que si on fait un confinement comme lors du mois de mars dernier. Sinon cela ne ferait que reculer des problèmes qui vont se poser." Mais comment la Nièvre, département quasiment épargné pendant la première vague et relativement peu touché cet automne est devenu un foyer actif de l'épidémie ?
Des transferts de patients dans les jours à venir
Si la situation était stable il y a encore quelques semaines, la part sans cesse croissante du variant anglais dans la Nièvre (75,2% selon les derniers chiffres), plus contagieux et plus virulent, a poussé la préfecture à rendre obligatoire le port du masque dans 13 nouvelles communes. "Il est vrai que l'on constate déjà depuis une quinzaine de jours que le variant anglais est très présent contrairement au variant sud-africain".
La circulation du virus sature également de plus en plus les hôpitaux qui atteignent une situation de crise. "On anticipe une forte tension hospitalière dans les quinze jours à venir et probablement des transferts de personnes qui sont aujourd’hui en réanimation", annonce Régis Dindaud, délégué de l'Agence régionale de santé dans la Nièvre.
De plus en plus de contaminations en milieu scolaire
L'un des signaux forts de la circulation du virus, c'est l'augmentation des contaminations dans le milieu scolaire. L'ARS indique qu'il y a "de plus en plus de contaminations dans le milieu scolaire malgré la campagne des tests salivaires". Une tendance confirmée par Thierry Lemoine. Pour le médecin généraliste à Nevers et président du conseil de l'Ordre des médecins, "c'est évident que l’on a beaucoup de jeunes contaminés ces dernières semaines."
Le lycée Pierre-Béregovoy de Nevers a d'ailleurs été fermé pendant une semaine par crainte de voir naître et se développer un foyer épidémique à la suite de plusieurs cas de Covid-19. "Les lycéens qui sont capables de se garder tout seul et qui, par définition, ont beaucoup de contacts sociaux, ceux-là, on a du mal à comprendre d'un point de vue sanitaire qu’ils ne soient pas confinés à la maison," déclare Thierry Lemoine.
Quant à Alain Lassus, il confirme qu'il y a de plus en plus de classes touchées dans le département. "J'ai la conviction que c’est par les enfants que passe aujourd’hui essentiellement la diffusion du virus."
Le président du conseil départemental, qui s'est entretenu avec le préfet de la Nièvre et un conseiller d'Olivier Véran, a suggéré d'ailleurs d'envoyer dès la semaine prochaine tous les enfants en vacances pendant un mois et de fermer totalement la restauration collective. "Cela couperait de manière importante la diffusion du virus dans notre département."
Un relâchement au niveau du dépistage
Avec l'arrivée du printemps, l'ARS constate un certain "relâchement". La population doit selon Régis Dindaud, "se faire tester dès qu'il y a le moindre soupçon."
Un constat partagé par Thierry Lemoine. "Je pense qu’il y a un ras-le-bol de la population, c’est une certitude" affirme le médecin généraliste. "Les gens commencent à en avoir marre de se faire tester. Quand ils sont malades, ils ne le disent pas forcément. Ce qui peut permettre une diffusion plus rapide du virus."
"Sur le nombre de tests, on ne teste guère plus aujourd’hui qu'il y a un mois", déclare Alain Lassus. "Il n’y a pas explication logique à cela si ce n’est que les gens se font moins tester."