Avant les législatives les 12 et 19 juin, France 3 part à la rencontre des habitants de toutes les circonscriptions de Bourgogne. Aujourd’hui, zoom sur la 2ème circonscription de la Nièvre et la commune de Clamecy, où la lutte contre l'isolement est une priorité.
La deuxième circonscription de la Nièvre pourrait presque se confondre avec le département. Elle s'étend sur plus de 300 communes couvrant l'intégralité du territoire, à l'exception de Nevers et du Val de Loire. Intégrant le Morvan, elle est composée en majorité de cantons ruraux et de communes éloignées de centres urbains, de Clamecy à Château-Chinon, en passant par Decize, Varennes-Vauzelles ou encore Prémery.
Clamecy, près de 3700 habitants, est la principale ville au nord de la circonscription. Située à près d'une heure de Nevers et d'Auxerre, à deux heures de Dijon, la commune est éloignée des grandes infrastructures de transport. Ici, les trajets se font le plus souvent en voiture, ce qui renforce l'isolement d'une partie de la population.
"La mobilité est un vrai frein, notamment pour la recherche d'emploi, regrette une dame, travailleuse sociale, croisée dans le centre-ville. Ça fait que les familles quittent la région parce qu'ils ne trouvent pas de travail et qu'ils n'ont pas de moyen de locomotion pour se rendre ailleurs."
A Clamecy, conserver une gare est ainsi un défi, afin de préserver les quelques liaisons TER encore maintenues par la SNCF, pour relier la ville à Paris, à l'Yonne et au reste du département.
L'industrie a périclité
Coupés des pôles de décision, des grands bassins d'emploi, les habitants sont parfois confrontés à un sentiment d'abandon. Clamecy a longtemps été un centre industriel pour le flottage et la transformation du bois, ou la chimie. Mais depuis les années 1970, la ville a perdu plus de 2000 habitants, de nombreuses entreprises, commerces et services ont fermé. La population s'est habituée aux logements vacants, aux vitrines vides et aux rideaux de fer baissés le long des rues. Comme un symbole, il n'y a plus de sous-préfet à demeure, l'arrondissement étant depuis quelques années mutualisé avec celui de Cosne-sur-Loire.
Préserver ou faire revenir de l'activité est donc un enjeu pour la population, comme ce couple de retraités, pour qui "la priorité c'est de s'occuper de l'économie locale, de l'emploi local. Il faut assurer le développement du territoire."
Laballery, modèle de résilience
La situation oblige aussi à tester d'autres modèles. A la sortie de la ville, au milieu de la zone d'activités, la Nouvelle imprimerie Laballery est installée entre les pains Jacquet et un atelier de peinture. L'entreprise est presque une miraculée. Dans les années 1990, elle essuie un dépôt de bilan suivi d'une liquidation. Avant que les salariés ne reprennent la structure en SCOP (société coopérative de production). Depuis, Laballery a su redresser la barre et emploie désormais près de 80 personnes.
Et l'entreprise continue de se moderniser pour rester compétitive, notamment en matière environnementale. Un plan d'investissement de plusieurs millions d'euros est en cours. "Nous sommes obligés. Nous allons essayer de diminuer tout ce qui est plastique, d'être moins consommateurs et on travaille aussi à tout ce qui est diminution des énergies", précise David Perrain, le directeur de l'usine.
L'écologie, "urgence absolue"
Une démarche qui trouve une résonnance au niveau local, car les questions d'environnement font partie des préoccupations de la population.
L'écologie c'est quand même la problématique numéro une. Aujourd'hui tout le monde devrait y être sensible, quelle que soit la couleur politique. Toutes les décisions devraient être basées sur le respect de notre planète, notre devenir et celui des espèces diverses et variées.
Stéphane GraillotResponsable de l'épicerie la Graineterie
"C'est l'urgence absolue et ça n'a pas l'air de paniquer la population en général, approuve une cliente. On est beaucoup à être engagés, mais on a parfois l'impression d'être seul dans le désert."
"Il y a des gens dans la misère"
Le problème, c'est qu'en zone défavorisée, certains opposent vite "fin du monde" et "fin du mois". Dans la circonscription, 15,8% de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté selon l'Insee (contre 14,5% au niveau national). Pour beaucoup, les principales inquiétudes concernent donc le quotidien. "Il y a des gens qui sont dans la misère, se désole ainsi une habitante. Le pouvoir d'achat c'est une préoccupation pour tout le monde, surtout pour les retraités et ceux qui ne touchent pas beaucoup."
La même dame enchaîne : "un autre problème majeur, c'est aussi pour se faire soigner. Il y a un manque de médecins, de dentistes, d'ophtalmos..." Un sujet qui concerne les Clamecycois. En 2018, ils étaient près de 2000 à manifester dans les rues de la ville contre la menace de fermeture des urgences de nuit.
Sur la deuxième circonscription, moins de 50% de la population a ainsi accès à un médecin sur sa commune de résidence, contre près de 80% pour l'ensemble la population nationale.
► Les élections législatives ont lieu les 12 et 19 juin prochains. Dans la deuxième circonscription de la Nièvre, les électeurs pourront choisir entre huit candidats.