Ce mardi 31 août, le maire de Nevers (Nièvre), Denis Thuriot, affirme que sa commune va se positionner prochainement pour accueillir des réfugiés venus d'Afghanistan. La ville va échanger prochainement avec la préfecture pour déterminer les besoins de l’État.
Alors que ce samedi 28 août, 16 réfugiés afghans ont été accueillis à Besançon (Doubs), la ville de Nevers (Nièvre) se positionne à son tour ce mardi 31 août pour recevoir les populations qui ont migré vers la France après la prise de pouvoir des talibans dans leur pays. Denis Thuriot, le maire de la commune, explique à France 3 Bourgogne-Franche-Comté vouloir contacter les services de l’État pour déterminer le nombre de familles à héberger en fonction des besoins.
Si l’élu LREM affirme sa volonté de soutenir l’effort national, il n’est pour autant pas certain que Nevers accueille des réfugiés afghans dans les prochains jours. Pour rappel, la préfecture de Côte-d’Or qui devait héberger près de 50 migrants n’en accueillera finalement aucun. Selon les services de l'État, le dernier vol en provenance de Kaboul (Afghanistan) le jeudi 26 août était moins rempli que prévu et le nombre de personnes à répartir sur le territoire français était donc moins important que prédit.
Par ailleurs, contactée ce vendredi 27 août, la préfecture de la Nièvre nous avait affirmé : "Il n'y a pas de consigne en ce qui concerne la prise en charge de migrants". Denis Thuriot se dit tout de même à l’écoute des besoins de l’État et répond par la même occasion aux opposants qui critiquent la stratégie d’accueil de la France. Interview.
Pourquoi la ville de Nevers se positionne-t'elle en faveur de l’accueil de réfugiés afghans ?
Denis Thuriot : C’est un choix humain fait par solidarité internationale. Je l’ai déjà fait par le passé où la ville de Nevers avait accueilli 35 familles syriennes. Nous avons une politique très ouverte sur l’international dans un sens positif. Emmanuel Macron a demandé à ce que la France participe à l’effort pour soutenir ces populations qui subissent des violences dans leur pays, la commune de Nevers y répond. Nous sommes en capacité de le faire. On s’adaptera aux besoins d’accueil. On va discuter avec l’État et la préfecture prochainement.
Concrètement, quel serait le dispositif d’aide déployé par la commune de Nevers pour soutenir ces populations venues d'Afghanistan ?
Lors de l’accueil de familles syriennes, j’avais pointé du doigt un manque de souplesse. Cette fois, l’idée c’est que l’on soit vraiment en lien avec l’État. Au-delà de l’hébergement, nous sommes dans une réflexion d’accompagnement et d’inclusion. Cela passe par l’apprentissage du Français pour ces populations, le déploiement de stratégies de formation et la recherche pour favoriser leur insertion professionnelle. L’objectif, c’est l’autonomisation des réfugiés. C’est une action qui se veut solidaire et humaine.
Dans le week-end, la préfecture de Côte-d’Or a annoncé qu'elle n'accueillerait finalement pas de réfugiés afghans car les besoins sont moins importants que prévus. Malgré cette donnée, Nevers hébergera-t'elle des populations qui ont migré vers la France ?
Pour l’heure, je me positionne. On verra ce que décideront l’État et la préfecture. Je suis volontaire. Mais cela peut être plus intéressant que des réfugiés viennent dans des villes médianes. L’inclusion dans le tissu local et au sein de la population y être parfois plus facile que dans les grandes métropoles. Maintenant, on verra. Si l’État nous dit qu’il n’y a pas de besoin, il n’y a pas de besoin et nous n’accueillerons pas de réfugiés.
Certaines voix s’élèvent contre l’accueil de migrants et certaines populations s’en inquiètent. Votre choix peut susciter de nombreuses oppositions virulentes. Quelle réponse apportez-vous à vos potentiels détracteurs ?
J’ai honte pour eux. La France a toujours été une terre d’accueil. On a besoin de ces populations sur le plan démographique et sur le plan de l’emploi, je rappelle que beaucoup de secteurs ont des difficultés à recruter. Certains partis notamment ceux d’extrême droite avancent à tort que ces réfugiés viennent prendre le travail des Français, ce n’est pas vrai. Ils se positionnent sur des emplois où il y a des besoins. Ce sont des gens qui ne posent aucun problème, qui saisissent leur chance, qui sont courageux, qui veulent travailler et s’intégrer. Je peux vous dire que je n’ai jamais entendu parler des 35 familles syriennes que Nevers a accueillies. Et puis, il faut se mettre à la place des gens. N'aimerions-nous pas compter sur l'aide d'autres pays si nous étions confrontés à la même situation ? La France doit faire partie de l’aide humanitaire. Les gens qui sont dans l’exclusion et le rejet, je les laisse à leur conscience.