C’est la deuxième fois que les habitants de Nevers participent à "l’apéro de la mort". Un concept atypique lancé en France il y a 5 ans. Objectif ? Parler de l’après, sans complexe !
Tout commence avec Sarah Dumont. À l’époque, elle lance Happy End, un média en ligne où elle informe les internautes sur la mort. “Aucun journal n’abordait le sujet, alors que ça fait partie de la vie”. Après réflexion, elle décide de pousser la démarche plus loin : “je me suis inspirée de Bernard Crettaz, à l’origine des cafés mortels en Suisse pour lancer “les apéros de la mort” en France”.
Chaque apéro est animé par Sophie Poupard-Bonnet, coach spécialisée dans l’accompagnement du deuil. “Les participants sont de tout âge. La plupart sont des personnes endeuillées, mais il y a aussi des personnes qui veulent parler de l’organisation d'un enterrement, ou encore de l'accompagnement d’une personne en soins palliatifs”, explique-t-elle.
“Ne parle pas de malheur”
Le sans filtre, c’est le sens même de ces rendez-vous insolites. “Nous avons choisi d'appeler ces moments, “L’Apéro de la mort”, comme ça, les gens savent de quoi on va parler”, affirme Sarah Dumont.
Une appellation explicite, pour libérer la parole, dans une société où le sujet est encore tabou. “Ne parle pas de malheur, tu vas plomber l’ambiance, ce sont les réflexions qui reviennent le plus souvent dans la bouche de nos participants”, raconte Sophie Poupard-Bonnet. S'ajoutent à cela de multiples alternatives pour parler de la mort. “le mot est détourné : “il est parti au ciel”, “il a disparu”, rapporte Sarah Dumont. “Nous allons dans des villes où les habitants n’ont pas toujours une association, des groupes de paroles pour se confier.”
Afin de parler sans tabou, les organisateurs précisent qu'il s’agit d’un moment sans jugement au début de chaque apéro. “Je leur dis : personne ne va se moquer de vous, minimiser ce que vous vivez et comment vous le vivez”, précise Sophie Poupard-Bonnet.
Des temps d'échanges, mais pas de réponses
Ces moments autour d’un verre ne sont pas organisés dans l’optique de donner des solutions. “Nous ne sommes pas des sachants”, tient à souligner Sophie Poupard-Bonnet.“J’encadre, je relance le débat, mais à aucun moment je vais conseiller.”
Les moments se créent à partir de ce qui émerge, il ne s’agit donc pas de thérapie. Toutefois, Sarah Dumont constate : “Même si ce sont des échanges libres, sans réponses particulières, ça fait un bien fou aux participants”.
“Il y a des personnes qui nouent des liens grâce aux apéros de la mort”
Sarah Dumont
Pour la coach spécialisée dans l’accompagnement du deuil, garder le contact après l'événement, “ça évite d'affronter l'épreuve de la mort dans la solitude. Il y a des groupes qui se forment et se voient en dehors”.
Le concept a attiré plus de 700 participants dans toute la France en l'espace de 5 ans.