Victime de "grandes difficultés", l'hôpital de Nevers placé sous tutelle : comment en est-on arrivé là ?

Le centre hospitalier de Nevers est placé pendant six mois sous administration provisoire, à la suite d'une inspection de la Haute autorité de santé qui a révélé de nombreux problèmes.

"L'enjeu est de soutenir et d'aider l'établissement en favorisant l'attractivité et la fidélisation des personnels", indique l'ARS Bourgogne-Franche-Comté ce lundi 9 octobre dans un communiqué. Le ton se veut bienveillant, encourageant. Mais le constat est dur : à compter de ce lundi 9 octobre, l'hôpital Pierre-Bérégovoy de Nevers est placé sous tutelle provisoire, pendant six mois, pour tenter de régler ses problèmes. 

"Les signaux d'alerte sont restés nombreux"

Des problèmes "d'organisation, de coordination, de fonctionnement, de grandes difficultés en termes de ressources soignantes" qui ne sont pas nouveaux : cela fait "plusieurs mois" que l'Agence régionale de santé est au courant et travaille avec le CHU pour tenter de régler la situation. Mais ces efforts ne suffisent pas : début septembre, la Haute autorité de santé effectue sa visite de certification... et le couperet tombe.

"En dépit de ce soutien et malgré les efforts entrepris, les signaux d'alertes sont restés nombreux", déplore l'ARS. Alertée par la HAS "notamment sur les effectifs médicaux et paramédicaux, la coordination entre les services, le circuit du médicament", l'Agence régionale de santé prend la décision de placer l'hôpital de Nevers sous administration provisoire.

Ce lundi après-midi, l'ARS a apporté des précisions sur ce qui avait alerté la HAS :

"Le nombre de postes médicaux et paramédicaux vacants, les difficultés de coordination entre services, l'insuffisante maîtrise de l'utilisation des médicaments à risque, les urgences..."

ARS Bourgogne-Franche-Comté

Les inspecteurs de la HAS ont par exemple remarqué qu'il n'y avait pas de liste ou d'étiquetage spécifique des médicaments à risque dans certains services. Les urgences, elles, faisaient les frais d'un manque d'organisation et d'anticipation, y compris sur les plannings des médecins.

Pendant six mois, jusqu'en avril 2024 donc, trois personnes vont prendre la direction de l'administration provisoire : l'ancienne directrice du CHU d'Amiens, le président de l'IRAPS (instance régionale d’amélioration de la pertinence des soins) des Pays de la Loire et l'ex-directrice de l'ARS de La Réunion et du CHU de Nîmes.

Des problèmes humains

Comment en est-on arrivé là ? Il y a certes la situation géographique de l'hôpital de Nevers, en plein désert médical, dans un département qui a perdu plus de 10 000 habitants en moins de 10 ans. Mais cela n'explique pas tout : "C'est vrai, mais c'est accentué par une situation de personnes, de gouvernance", explique David Boucher, du syndicat CFDT de l'hôpital.

Une guerre entre deux clans "irréconciliables qui se dénonçaient l'un l'autre, s'envoyaient des noms d'oiseaux". Ces tensions ont conduit à des situations préjudiciables pour les patients : "Un urologue a claqué la porte. Parfois, lorsque des patients étaient transférés dans un autre service à cause du manque de lits, il attendait plusieurs heures voir plusieurs jours parce que les services ne communiquent pas."

"L'administration essayait de ménager la chèvre et le chou, mais ce conflit a fait que l'établissement était tétanisé"

David Boucher

CFDT

Le délégué évoque aussi des rumeurs qui plombent le climat général : l'un des clans aurait oeuvré pour empêcher un recrutement, par exemple. Il parle également de promotions annulées pour certaines aides-soignantes, d'agents dont le temps de travail n'est pas entièrement comptabilisé.

Pour la CFDT, cette mise sous tutelle, "c'était la chronique d'un événement annoncé. Maintenant, cela va permettre de faire un état des lieux avec des personnes extérieures à cette situation. On a un formidable outil, il ne manque pas grand-chose !"

Contacté, le maire de Nevers Denis Thuriot, également président du conseil de surveillance de l'hôpital, indique ne pas souhaiter communiquer en l'état. L'hôpital, lui, n'a pas encore répondu à nos sollicitations.

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