À la Chapelle-Saint-André (Nièvre), une vingtaine de maisons ont été cambriolées en un mois et demi. Les habitants, excédés, sont convaincus de savoir qui est coupable. Certains ont même affiché des avertissements chez eux : "Tu viens ici, t'es mort".
"On sait qui c'est, il habite à côté, on sait qu'il va recommencer. C'est insupportable." Le maire de la Chapelle-Saint-André, Janny Siméon, a décidé d'alerter France 3 sur le climat explosif qui règne dans son village, d'habitude paisible.
Un cambriolage tous les trois jours
"Depuis un mois et demi, on subit une vingtaine de vols et de cambriolages, sur notre commune et sur la commune voisine d'Entrains-sur-Nohain", explique l'élu. Des méfaits qui se succèdent à un rythme soutenu, "environ un tous les trois jours". Il y en a eu deux le vendredi 19 janvier. Le dernier en date remonte à la nuit du 22 au 23 janvier. C'est à la suite de ce dernier vol que Janny Siméon a décidé de pouser un coup de gueule. "J'ai dit : au prochain cambriolage, j'alerte les médias. Et c'est arrivé."
Car le problème, c'est que dans le village, tout le monde est persuadé de savoir qui est coupable. "On a de fortes suspicions, pour ne pas dire des preuves, envers un habitant d'un hameau avec des complices." Il s'agirait d'un jeune qui a grandi ici, déjà connu défavorablement dans le coin. "Il y a un an, il y avait déjà eu des méfaits classés sans suite, ce que les gens ont eu du mal à accepter", se souvient le maire.
Argent liquide et croquettes pour chien
Les butins ? Principalement de l'argent liquide, trouvé dans les maisons fouillées (résidences secondaires ou principales). "Ils ont aussi volé un ordinateur qu'on a retrouvé dans un fossé." On recense aussi des vols de carburant et d'autres larcins presque futiles : "des croquettes pour chien, du bois de chauffage..." liste le maire.
Un habitant s'est également fait dérober des cigares importés spécialement de l'étranger. "Quelques temps après, il voit l'un de ses voisins fumer les mêmes cigares... Le voisin lui a dit qu'il les avait achetés à un jeune du coin !" raconte Janny Siméon. "Une fois, il est entré dans une résidence secondaire, il a mangé et il est reparti", dit encore le maire.
Ils ne laissent plus leur maison sans surveillance
Résultat : même si le préjudice matériel reste limité, ces agissements ont créé une ambiance délétère dans le village. Selon le maire, certains habitants ont peur de sortir et de laisser leur maison sans surveillance.
"Une personne m'a dit qu'elle était en arrêt de travail depuis qu'elle s'était fait cambrioler. Elle n'ose plus quitter sa maison, elle vit toute seule et est inquiète." Une autre habitante a demandé à un conseiller municipal de lui garder sa maison, le temps qu'elle aille faire ses courses.
"C'est un hameau plutôt tranquille normalement, où les gens sortent leur chien sans fermer la porte. Là, quelqu'un vient d'installer une alarme. Un autre laisse désormais tous ses volets fermés dès qu'il s'absente. Les gens me disent : on est en campagne, on est pas là pour barricader nos maisons tous les jours..."
Coups de feu en l'air et menaces
Excédés, les habitants sont en train de préparer une pétition. Mais le maire commence à craindre que la situation ne dégénère physiquement. "L'autre jour, un des administrés a vu le suspect, il est allé chercher le fusil et a tiré deux coups en l'air !"
Une cabane de chasse a été visitée. Les chasseurs ont déboulé chez le suspect en disant : 'La prochaine fois, on te loupe pas !'
Janny Siméonmaire de la Chapelle-Saint-André
Le suspect a nié les faits à chaque fois qu'il a été questionné par les habitants, selon le maire. Mais depuis plusieurs jours, certains riverains ont décidé d'afficher clairement la couleur, en placardant des messages de menaces devant chez eux. "Tu rentres = 2 morts", peut-on lire par exemple (en référence au suspect et à un de ses complices).
"Le petit branleur qui vole aux Grands Bois ! (Le nom du hameau, ndlr) Tu viens ici t'es mort ! Je sais qui tu es !" lit-on sur un autre panneau. Le ton est donné, l'avertissement est explicite.
"Tout le monde le surveille", souffle le maire. "À un moment donné, je ne veux pas être alarmiste mais on peut craindre que ça dégénère." Mais pourquoi les cambriolages continuent-ils, si le coupable est connu de tous ?
Que fait la justice ?
Une enquête judiciaire est bien en cours. Mais accumuler des preuves, réaliser des analyses et des actes d'enquête prend du temps. Contacté par France 3, le chef d'escadron Nordine Damache, commandant de la compagnie de gendarmerie de Cosne-Cours-sur-Loire, reconnaît qu'il comprend les habitants.
"L'agacement et les interrogations sont parfaitement logiques. Je comprends la perception du temps long alors que les faits se sont enchaînés très vite. Mais il faut que la procédure soit faite et bien faite."
"On ne peut pas interpeller des gens en se basant sur la rumeur publique. En plus, l'enquête démontre que tout ce qui est colporté dans le village n'est pas forcément vrai.
Nordine Damachecommandant de la compagnie de gendarmerie de Cosne-Cours-sur-Loire
"Il ne faut pas mélanger vitesse et précipitation. Il n'y a rien de pire que d'arrêter quelqu'un pour ensuite devoir le relâcher et le voir se balader tranquillement dans la rue deux jours plus tard parce qu'on a bâclé la procédure !" rappelle le commandant de gendarmerie.
► AJOUT : Un nouveau cambriolage a été signalé dans l'après-midi du 23 janvier au hameau des Grands Bois, indique le maire.