Quand les commerces non essentiels pourront-ils rouvrir ? Après le début du mois, c'est désormais la mi-mai qui est évoquée pour un déconfinement. Mais alors que l'épidémie de Covid-19 ne faiblit pas, commerçants, cafetiers et restaurateurs s'impatientent.
"Tout le monde avait l’espoir de rouvrir début mai. On ne sait plus quoi penser" se désole Stéphane Duplessis, le président de l’association "3C" qui représente les commerçants du centre-ville de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). "On ne sait pas du tout si on va ouvrir début mai, mi-mai" s'interroge Corinne Lacour, présidente de l’association des commerçants du quartier de l’Horloge à Auxerre. "On est un peu perdu" confie-t-elle.
Tous deux s’accordent en tout cas sur un point. "Plus vite on ouvrira, mieux ce sera !". Car pour certains, la situation est devenue catastrophique selon Stéphane Duplessis. "Le click-and-collect ne fonctionne pas très bien. Ce n’est plus le même état d’esprit que pendant les deux premiers confinements. Le centre-ville est désert. Même les magasins ouverts en pâtissent."
L'épidémie reste présente
"Cela fait quasiment 3 saisons qui ont été catastrophiques. Il faut que ça s’arrête !" demande Corinne Lacour à Auxerre. Elle se dit plutôt favorable à une ouverture par région. "Ouvrir d’abord les régions, où il y a un taux d’incidence moins élevé, où les gens sont vaccinés. Ce serait pas mal" estime-t-elle. L'hypothèse est envisagée par le ministre de la Santé Olivier Véran, mais concernerait plutôt des régions comme la Bretagne, toujours très peu touchée par l'épidémie.
Mais pour l’instant, le taux d’incidence reste élevé en Bourgogne Franche-Comté et la pression demeure forte sur les hôpitaux. Ce mardi 20 avril, les services de réanimation on connu un nouveau pic d'occupation. Alors y a-t-il un risque de rouvrir trop tôt ? Non estime le représentant des commerçants de Chalon-sur-Saône. "Je ne pense pas que le risque puisse venir des commerces de centre-ville. Je ne pense pas que l’épidémie se propage dans les magasins ou tous les commerçants font quand même attention. On a montré le plus de vigilance possible. Les gens ont pris l’habitude d’attendre devant pour ne pas être nombreux dans les commerces."
L’épée de Damoclès
Les commerçants espèrent également que la réouverture sera définitive. "Ce qui nous intéresse, ce serait de retravailler le plus naturellement sans avoir cette épée de Damoclès de rouvrir ou de refermer en permanence", espère Stéphane Duplessis.
En Côte d’Or, les professionnels de l’hôtellerie redoutent un nouvel arrêt brutal avant l’été. "On ne voudrait pas un effet 'Stop and Go', avec un arrêt comme pour les vacances scolaires, comme pour Noël, ça serait le pire pour notre secteur !" s’inquiète Isabelle Grandin, secrétaire générale de l'Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie (UMIH) de Côte-d'Or. Elle partage cependant l’impatience des autres commerçants.
Car si les professionnels sont pour l’instant largement soutenus financièrement, ils redoutent la suite. "Actuellement, on est encore sous perfusion, reconnait Stéphane Duplessis. Pour l’instant, ça fonctionne. Il a fallut faire rentrer les stocks pour l’été. Mais il va falloir les payer. Il va falloir vider les magasins. Et quand on va quand on va commencer à rembourser les PGE, ce sera compliqué."
"On ne sait pas ce que l’avenir nous réserve. Pour certains qui ont des charges élevées, ça pallie pas tous les problèmes qu’ils peuvent rencontrer" remarque de son coté Isabelle Grandin pour l'UMIH Côte d'Or. Elle souligne l'urgence de la situation pour les professionnels. "Ils ont envie de reprendre, ils n’ont pas pu travailler pendant 8 mois. Ce sont leurs économies, leur fonds de commerce."
Des aides élargies en avril
Selon Denis Favier, président de l'association des commerçants dijonnais Shop'In Dijon, et vice-président national de l'association Commerçants et artisans des métropoles de France, un mécanisme plus sécurisant est apparu dernièrement : "En novembre, il était possible d'accéder au fonds de Solidarité, qui était au maximum de 10 000 euros, et 20% du chiffre d'affaire pour les restaurateurs, plafonné à 200 000 euros. Ces 20% ont été étendus pour le mois d'avril à tous les commerçants." Il souhaite que ces aides perdurent après la réouverture, notamment pour pallier un éventuel manque de consommateurs.
Comment gérer les surplus et la baisse du chiffre d'affaires ?
Denis Favier met en lumière le problème des stocks : "Les stocks d'été viennent d'arriver, il va bien falloir trouver un moyen d'écouler ce stock."
Alors que l'Etat a octroyé récemment une aide à 4 catégories de commerçants (habillement, maroquinerie, chaussures et articles de sport, une aide sur les surplus de stock de plus de 6000 euros, maximum 8000 euros), Denis Favier souligne : "Nous avons un problème avec de gros commerçants, essentiels et non-essentiels. Par exemple, comment gérer pour un important marchand d'habillement un surplus de stock de 200 000 euros qu'il lui reste après les soldes ? Va-t-il le déprécier, le vendre à la saison prochaine ?" questionne Denis Favier.
Un autre exemple cité par Denis Favier, celui d'un pharmacien déclaré d'utilité publique, avec l'obligation d'ouvrir pendant le confinement, qui "a vu son chiffre d'affaire chuter car situé dans une zone d'activité tertiaire, où la plupart de ses clients ne viennent plus."
Le président de l'association des commerçants dijonnais redoute "une réaction en chaîne" entre les commerçants et leurs fournisseurs, auprès desquels ils commanderaient moins ou auraient négocié avec eux, avec le spectre "de voir disparaître des marques".
Une sécurité : l'attractivité de la Métropole dijonnaise
Denis Favier est persuadé que le commerce va reprendre, croyant fermement aux atouts de la ville de Dijon. La réouverture des commerces, il y croit car "tout le monde est prêt". Et à la question " Les clients n'ont-ils pas pris de mauvaises habitudes avec le e-commerce et les livraisons à domicile ?", il répond. "Franchement, on a ici, à Dijon, l'avantage d'être une Métropole. Et une métropole, cela attire du monde."
Ce mercredi 21 avril, un nouveau conseil de défense a eu lieu. La question du déconfinement a de nouveau été abordée.