Procès du meurtre de Sophie Lionnet à Londres : l'accusé craignait pour la sécurité de sa famille

Sophie Lionnet, qui a vécu plusieurs années dans l'Yonne, a été retrouvée morte à Londres où elle était jeune fille au pair. Ses employeurs disent qu'ils étaient persuadés qu’elle complotait pour droguer et abuser sexuellement de la famille.

Ouissem Medouni, 40 ans, et Sabrina Kouider, 35 ans, comparaissent depuis le 19 mars 2018 devant la cour criminelle de Londres pour le meurtre de Sophie Lionnet, leur jeune fille au pair.
Le cadavre de la jeune femme de 21 ans avait été retrouvé carbonisé dans leur jardin le 20 septembre 2017.




Des interrogatoires pour faire "avouer" la jeune fille

A l’audience du mardi 24 avril, l'employeur de Sophie Lionnet a justifié les interrogatoires musclés endurés par la jeune fille au pair.
Il croyait  fermement qu'elle menaçait sa sécurité et celle de sa famille. Sa femme et lui était persuadés que Sophie Lionnet avec comploté avec l'ex-compagnon de Sabrina Kouider, père d'un de ses deux garçons, pour droguer et abuser sexuellement de la famille.

Les interrogatoires, qui étaient en partie filmés, avaient pour but de faire avouer la jeune fille. "J'étais parfois insistant", a dit l'accusé. "Je voulais savoir la vérité".
Poussé par le procureur Richard Horwell, Ouissem Medouni a fini par reconnaître du bout des lèvres avoir menacé Sophie Lionnet en la questionnant. Il lui avait fait croire qu'elle ne pourrait pas retourner en France tant qu'elle n'avouerait pas ou alors qu'elle passerait le restant de sa vie en prison, où elle serait violée.

"Parfois les mots que j'ai utilisés étaient horribles et je le regrette. J'étais vraiment en colère", a-t-il déclaré. Pour lui, c'était simplement un moyen de la faire parler. "Ce n'était pas une menace violente" mais "Sophie a pu le ressentir comme une menace", a-t-il concédé.

Mais "vous devez garder à l'esprit ce qui se passait dans cette maison", s'est-il défendu. "J'avais à l'esprit l'histoire selon laquelle elle emmenait (un des garçons) auprès d'un pédophile".



"J'aurais dû lui dire de partir"

Sur l'insistance du procureur, Ouissem Medouni a reconnu que ces interrogatoires, enregistrés ou filmés, ne relevaient pas d'un comportement normal, "mais la situation n'était pas non plus normale", a-t-il dit. Il a assuré que son intention était de remettre les enregistrements à la police.

Amaigrie et à bout de forces, sous intense pression, Sophie Lionnet avait fini par "avouer" peu avant sa mort. Elle a même fourni "des détails", a raconté Ouissem Medouni. "Je ne sais pas pourquoi elle aurait menti à ce propos. Ce n'est pas quelque chose sur quoi on ment", a dit l'accusé.

D'après lui, Sophie Lionnet est morte dans la nuit du 18 au 19 septembre 2017 lors d'un interrogatoire que Sabrina Kouider avait poursuivi seule après qu'il était allé se coucher. Le corps carbonisé de Sophie Lionnet avait été retrouvé le 20 septembre dans le jardin du couple.

Ala question de l'accusation de savoir si Sabrina Kouider manquait de respect à Sophie Lionnet quand elle était au service du couple, l'accusé s'est montré hésitant à répondre. "Non, je ne peux pas dire ça. Jusqu'à ces accusations, elle la respectait", même s'il lui arrivait de "crier" sur elle.  



Pourquoi ne pas avoir acheté un billet de retour pour la France à Sophie Lionnet, que ses employeurs avaient arrêté de payer durant l'été 2017, quand il la croyait encore innocente?
Sabrina ne le voulait pas, a assuré  Ouissem Medouni.

"J'aurais dû lui dire de partir mais je ne l'ai pas fait. Je ne peux pas dire que j'étais l'homme dans la maison. Je ne l'étais pas", a-t-il regretté.  Lui-même a assuré avoir voulu emmener Sophie Lionnet lors d'une escapade familiale en Angleterre, début septembre, "pour qu'elle ait un dernier souvenir positif du Royaume-Uni".

Le procès doit se poursuivre jusqu'au 11 mai.







Sophie Lionnet a longtemps vécu dans l'Yonne

Sophie Lionnet a vécu de nombreuses années dans l'Yonne. Elle avait notamment fréquenté le lycée Vauban à Auxerre où elle avait obtenu un CAP petite enfance en 2014.

Elle revenait régulièrement en Bourgogne où sa mère Catherine Devallonné habite toujours à Paron, dans l’agglomération de Sens.
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