L’aménagement de la RCEA (Route Centre-Europe Atlantique) est loin d'être terminé, en particulier dans sa traversée de l'Allier et de la Saône-et-Loire, où le chantier "pourrait prendre encore une douzaine d'années". Ce chantier doit devenir prioritaire, dit la Cour des Comptes.
Pourquoi les travaux de la RCEA ont-ils pris du retard ?
Cela fait des années que l'aménagement à deux fois deux voies de la RCEA est en cours.
Cet axe particulièrement accidentogène, qui traverse la France, voit passer chaque jour des milliers des véhicules et de camions. Le projet de "relier la façade Atlantique à la vallée de la Saône par une route à deux fois deux voies" remonte à 1983. Ajourd'hui, face au retard accumulé, il faut "une remise à plat du dossier", voire en faire un "chantier prioritaire", estime la Cour des Comptes.
"L'enjeu principal de ce chantier est devenu celui de la sécurité et non plus seulement de l'aménagement du territoire", indique-t-elle dans un référé daté du 16 mars qui a été rendu public mardi 29 mai 2018.
"La route de la mort"
En dépit d'une "priorité continûment affirmée par les pouvoirs publics depuis 35 ans, l'aménagement de la RCEA (Route Centre-Europe Atlantique) est encore loin d'être terminé", en particulier sur sa section Est, soit environ 90 kilomètres dans l'Allier et 150 km en Saône-et-Loire, où il "pourrait prendre encore une douzaine d'années", constate la Cour des Comptes.
Or, le développement "considérable" de la circulation des poids lourds sur cet axe en fait une section où "les accidents sont particulièrement graves, ce qui lui a valu d'être qualifiée par les médias de "route de la mort", poursuit la Cour.
Selon les magistrats, le retard s'explique par la priorité donnée à la construction l'autoroute A89, qui traverse la France plus au Sud. La Cour pointe aussi "une volonté politique variable dans le temps et dans l'espace", avec au bout du compte "des affectations annuelles de crédits qui n'étaient pas au niveau des ambitions affichées".
Que répond l'Etat à la Cour des Comptes ?
Les ministères de la Transition écologique et des Transports ne partagent l’avis de la Cour des Comptes.
"Le degré de priorité de (la RCEA) est bien pris en compte dans les investissements sur le réseau routier national", ont répliqué les ministères de la Transition écologique et des Transports dans une réponse à la Cour datée du 15 mai.
Le gouvernement fait valoir que "les procédures d'appel d'offre se poursuivent à un rythme soutenu en vue de désigner prochainement un concessionnaire" dans l'Allier.
Par ailleurs, en Saône-et-Loire "un plan d'accélération de la mise à deux fois deux voies est en cours de mise en oeuvre depuis 2013".
Selon les ministères, "une mise à jour complète de l'évaluation socio-économique de ces aménagements", recommandée par la Cour des Comptes, "ne semble pas nécessaire". Les ministères évoquent un exercice lourd et coûteux.
L’Etat promet cependant "d'ici mi-2019 une actualisation du diagnostic de sécurité routière de la RCEA, afin de dénombrer plus précisément l'accidentologie constatée et de l'analyser afin d'éclairer la priorisation des sections restant à aménager".
En mars 2018, dans un courrier de la ministre des Transports, Elisabeth Borne, adressé au député de Saône-et-Loire Rémy Rebeyrotte en mars 2018, le gouvernement a indiqué qu'il souhaitait maintenir l'effort de sécurisation de l'axe RCEA, dans le département de Saône-et-Loire.