Salon de l'agriculture : le zoo des enfants citadins ?

Les enfants des villes connaissent-ils encore les animaux des champs ? Dans les allées du salon de l’agriculture, les petits citadins sont nombreux à voir pour la première fois une vache « en vrai ». La réalité de l'élevage passe en arrière plan au profit d'une journée vouée aux loisirs.

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« Maman, regarde, une vache! ». Entre cris de joie et surrexcitation, les enfants citadins se pressent devant les enclos des animaux de la ferme. Le charme opère : il y a une jolie nostalgie dans l’air, quelque chose de l’ordre de la saine tradition à voir les familles partager ce moment-là. C’est parfois la première fois que ces petites graines qui ont poussé en ville se retrouvent nez à groin avec un cochon. Une petite parisienne blonde comme les blés nous confie : 

On en parle en SVT, mais là on les voit en vrai. On peut les toucher, c’est pas pareil !​​​​​​

UNE BALADE SENSORIELLE 


Les toucher : c’est ce qui va rendre l’expérience réelle. Alors on se presse, on se bouscule pour gratter la tête d’une vache ou avoir une idée de la douceur de la laine d’un mouton. Un peu comme un doudou, ou comme le chien de la famille. Une relation à l'animal intuitive, et qui n'est visiblement nourrie d'aucune peur. Ce lien entre l'enfant est l'animal a fait souvent l'objet d'étude et d'observation. Dans "Totem et tabou", Sigmund Freud écrivait déjà :

La relation de l’enfant à l’animal ressemble beaucoup à celle du primitif à l’animal. L’enfant ne présente pas encore la moindre trace de l’orgueil qui, par la suite, pousse l’Homme civilisé adulte à séparer sa propre nature de tout le règne animal par une ligne de démarcation tranchée. Sans hésiter, il accorde à l’animal d’être pleinement un égal».

ATTENTION, ANIMAUX VIVANTS !


Au salon de l'agriculture, la réalité de ces animaux d'élevage et ou de labeur échappe aux publics. Les éleveurs doivent rappeler les fondamentaux. « On doit faire du travail d’explication. On dit aux enfants comment le lait arrive à la bouteille » plaisante Evan, jeune éleveur de vaches bleues du Nord. Et ces animaux de plusieurs tonnes, à l’air paisible, doivent être surveillés comme le lait sur le feu. A force de chatouilles, leur naturel peut vite revenir au galop. Lucile, jeune éleveuse de vaches bretonnes au pie noir martèle :

Ce ne sont pas les enfants qui se méfient le moins. Les visiteurs portent souvent leurs progéniture au dessus des barrières pour qu’ils atteignent les animaux. C’est potentiellement dangereux, surtout avec les génisses qui sont jeunes et qui ont des réactions vives. Ils oublient que ce ne sont pas des caniches !


Cette posture du public face à des animaux parfois stressés avait déjà été remarquée par un de nos confrères de France 3 Occitanie.  

Tout un monde à apprendre ou à réapprendre. Alors, certains parents ou grands-parents se donnent pour mission d'emmener la nouvelle génération au salon de l’agriculture. Pour eux, donner à comprendre l’élevage et l’agriculture, c’est donner à comprendre le monde dans lequel on vit. Le grand père du petit Adrien est catégorique : « C’est très important de venir ici. Il faut qu’il voit des vaches, qu’il se rende compte, qu’il comprenne ce qu’il mange aussi! ». Parler de viande, au royaume de la bête sur pieds, c'est encore un peu tabou.

LA CHAINE ALIMENTAIRE DESINCARNEE

Assimiler que ces jolis animaux, goguenards et cotonneux, sont destinés à la consommation n’est pas chose facile. Pour les enfants évidemment, qui n’imaginent pas cette finalité. Et pour les parents surtout, qui jettent un voile bienséant sur l’avenir du bétail. La chaîne alimentaire a perdu des maillons au fil des décennies. Et la viande n'est pas la seule à perdre sa traçabilité chez les plus jeunes. Une récente étude de l'ASEF, l'Association Santé Environnement France, révèle que

les 8-12 ans ne connaissent plus les légumes et ne font pas le lien entre les frites et la pomme de terre. 


A l'heure de la remise en cause du spécisme, du questionnement sur nos consommations, du mieux-produire, comment reconnecter les enfants au monde agricole et à ce qu'il génère ? En emmenant les enfants le dimanche à la campagne, évidemment. En se renseignant aussi sur les fermes pédagogiques et ce qu'elles proposent. En utilisant aussi les outils pédagogiques inventés par l'agriculture (bio notamment) à destination du jeune public.

Et puis, peut-être en s'interrogeant nous-même, adultes, sur notre lien à la terre, à ce qu'elle produit et aux animaux qu'elle porte. Nous saurons alors ce que nous avons envie de transmettre et l'importance que l'on veut y consacrer. Tout simplement.
 
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