La ligne ferroviaire reliant Paray-le-Monial (Saône-et-Loire) à Lyon accuse de nombreux retards. Après la manifestation des usagers mercredi 6 novembre, les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne-Franche-Comté pointent du doigt la SNCF.
Depuis plusieurs mois, la ligne reliant Paray-le-Monial à Lyon est souvent présentée comme "la deuxième pire ligne ferroviaire de France" (voir plus bas). À qui la faute ? Les régions Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes renvoient la balle à la SNCF.
Dans un communiqué publié conjointement mercredi 6 novembre, au lendemain d’une manifestation ayant rassemblé plus d'une centaine d’usagers de la ligne à Lamure-sur-Azergues (Rhône), les deux entités rejettent "la responsabilité [sur] l'Etat propriétaire du réseau" et “regrettent que le président du groupe SNCF Jean-Pierre Farandou soit revenu sur sa décision de rétablir un poste d'aiguilleur et demandent expressément son rétablissement”.
Pour un retour de l'agent à Lamure-sur-Azergues
“Nous soutenons constamment depuis 2015 la présence d’un poste d’aiguilleur à Lamure-sur-Azergues, et avons, à plusieurs reprises, adressé des courriers à SNCF-Réseau pour le maintien de ce poste”, ajoute les deux entités, invitées par les usagers à rejoindre la mobilisation.
Car le 6 novembre 2023, l’agent posté en gare de Lamure-sur-Azergues quittait ses fonctions. Depuis, les usagers de la ligne subissent des perturbations sur leur trajet quotidien pour se rendre à Lyon (et inversement). Ils sont amenés à faire 96 kilomètres de détour, en plus d’effectuer un changement de train.
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"Il faut maintenant que le train parti de Paray arrive à Lozanne avant de pouvoir envoyer le suivant, et inversement le soir", détaillait Kevin Mercier, vice-président de l'association de développement de la ligne ferroviaire Paray/Lyon (Adelifpaly).
De son côté, la SNCF affirme que "l’agent circulation qui tenait le poste de Lamure-sur-Azergues est aujourd’hui affecté à une autre gare dans le cadre une formation qualifiante qui devrait lui permettre de prendre un poste avec un niveau de responsabilités plus élevé sur l’agglomération lyonnaise". Elle justifie son absence de remplaçant par une difficulté à recruter en raison des "spécificités du métier" et le "contexte actuel sur l’emploi nécessitant un certain délai".
Le deuxième pire TER de France
Problème, "avec les retards, il y a un effet cascade. Il suffit qu’un train soit en retard pour qu’il affecte tout le trajet”, ajoutait l’usager occasionnel de la ligne Paray-le-Monial – Lyon. Pour rappel, en termes de ponctualité, la ligne est l’une des pires en France. En 2023, elle était la deuxième à avoir enregistré le plus de retards, avec 25 % de trains en retard ou annulés selon Le Parisien.
Rien que pour le mois d’octobre 2024, l’association Adelifpaly recense “seulement 1 train sur 2 à l’heure”. Sur les 230 prévus, 94 ont été retardés, soit 40,9% des trains en circulation, et 19 ont été supprimés, ce qui représente 8,2% des trains affrétés sur l’ensemble de la ligne. “Seulement 3 jours avec un taux de 100% de régularité”, appuie le communiqué datant du 3 novembre.
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“La présence de l’aiguilleur permet en effet d’apporter de la souplesse, de la robustesse ainsi que de la fréquence dans l’exploitation et donc de limiter les retards des trains”, soulignent les deux régions dans leur communiqué. Les Régions Auvergne-Rhône-Alpes et Bourgogne Franche-Comté ont déjà investi respectivement 9 millions et 15 millions d'euros depuis dix ans sur la ligne, soit l’essentiel des investissements réalisés.
La SNCF assure ne pas laisser les voyageurs sans solutions de transport : "nous avons retravaillé l’organisation 2024 de l’ouverture de nos postes en Bourgogne pour assurer les trois dessertes de soirée par train, même si les horaires ont dû être modifiés", indique la société ferroviaire.
Objectif : augmenter l'offre ferroviaire sur la ligne
Face à ces difficultés, les deux régions espèrent augmenter l’offre ferroviaire, misant sur l’arrivée d’un nouvel agent en gare de Lamure-sur-Azergues, la création d’aménagements supplémentaires au niveau des voies lyonnaise et l’amélioration de leur capacité d’accueil.
“Des réflexions sont en cours dans le cadre de la démarche 'Services Express Régionaux Métropolitains' (SERM) pour désaturer ce nœud ferroviaire lyonnais”, assurent les deux entités. L’ouverture à la concurrence du lot Bourgogne Ouest Nivernais devrait également améliorer l’état de la circulation sur cette ligne.