Le père Peyrous, ancien recteur des sanctuaires de Paray-le-Monial (Saône-et-Loire) entre 2009 et 2014, a été mis en examen pour viol et agression sexuelle, pour des faits qui se seraient notamment déroulés dans la paroisse. Que lui est-il reproché ? France 3 répond aux trois questions qu'il faut se poser dans cette affaire.
C'est une affaire qui touche de nombreuses paroisses en France. Jeudi 25 avril, l'AFP nous apprend qu'un juge d'instruction du tribunal de Tours a mis en examen le père Peyrous, ancien recteur des sanctuaires de Paray-le-Monial (Saône-et-Loire) entre 2009 et 2014, pour viols aggravés et agression sexuelle.
Nos confrères de Sud Ouest affirment que ce prêtre, désormais à la retraite, aurait reconnu des rapports sexuels consentis. Pour autant, le père Peyrous aurait affirmé qu'aucune infraction pénale n'a été commise.
Que lui est-il reproché ?
Le prêtre a été mis en examen pour "viols par personne abusant de l'autorité que lui confère sa fonction," sur deux femmes qu'il aurait côtoyé lors de son ministère. Interrogée par Sud Ouest, Catherine Sorita-Minard, la procureur de la République de Tours, a ajouté que la "période de prévention, pour ces faits, s'étend de 2009 à 2013."
Concrètement, il est donc poursuivi pour des faits ayant eu lieu lorsqu'il était recteur dans les sanctuaires de Paray-Le-Monial.
Le religieux, membre de la communauté de l'Emmanuel, est également mis en examen pour "agression sexuelle par personne abusant de l'autorité que lui confère sa fonction" sur une troisième femme, pour des faits qui auraient eu lieu entre 2009 et 2017.
Me Charles Dufranc, avocat du Père Peyrous, estime de son côté que les accusations visant son client sont "très discutables." Il ajoute que cette affaire "n'a rien à voir avec les scandales pédophiles. On est dans une problématique d'un prêtre qui a eu des relations sexuelles très légères avec des personnes liées à l'Eglise. Il faut intégrer cela dans le microcosme catholique."
Quelles sont les réactions ?
Les victimes font également partie de la communauté de l'Emmanuel. Selon l'Eglise Catholique, c'est une association publique internationale de fidèles qui regroupe plus de 11 500 personnes dans 60 pays. Elle a une forte influence en Saône-et-Loire : Paray-le-Monial est l'un des trois sanctuaires français où l'animation leur est confiée.
D'après la journaliste Natalia Trouiller, sur X (anciennement Twitter), le modérateur de la Communauté de l'Emmanuel, Bernard-Marie de Vregille, et plusieurs officiels comme le père Mottin, ont été entendus par la police.
Quelques infos complémentaires de mes propres sources. En janvier dernier, de nouvelles victimes de Bernard Peyrous, de l'Emmanuel, ancien postulateur de la Cause en béatification de Marthe Robin, ont été entendues par les gendarmeries de plusieurs villes.https://t.co/d4n7ysyGNN
— Natalia Trouiller (@ntrouiller) April 27, 2024
La Communauté de l'Emmanuel a donc expliqué, dans un communiqué, que plusieurs témoignages impliquant le Père Peyrous avaient été portés à leur connaissance. Lorsque cela a été justifié, les membres ont donc "procédé aux signalements appropriés auprès du Procureur de la République." En revanche, aucune autre communication ne sera réalisée de leur part.
Le diocèse de Bordeaux a également communiqué sur ce sujet. Il a rappelé que l'évêque avait "pris des mesures conservatrices à l'égard du Père Peyrous." Ce dernier ne peut donc plus exercer d'acte public du ministère en attente de l'établissement des faits.
Le diocèse d'Autun, où est situé le sanctuaire de Paray-le-Monial, n'a pas répondu à nos sollicitations.
Est-ce la première fois qu'il est accusé ?
Non. En octobre 2017, l'ecclésiastique quitte une retraite spirituelle organisée à Châteauneuf-de-Galaure (Drôme). Trois semaines plus tard, la communauté de l'Emmanuel publie un communiqué dans lequel elle explique que des mesures conservatoires ont été prises contre le Père Peyrous suite à des "gestes gravement inappropriés de sa part vis-à-vis d’une femme majeure."
À l’époque, il lui avait été demandé d'interrompre ses charges pastorales. Un prêtre, qui souhaitait rester anonyme, avait estimé auprès de France 3 Occitanie, qu'en pur "langage ecclésiastique, cela signifie que les faits sont graves." La victime n'avait pas souhaité porter plainte. Le Père Peyrous avait reconnu les attouchements, avant de démissionner.
Pour autant, en 2018, France 3 Oavait appris que le prêtre exerçait de nouveau son ministère dans une nouvelle paroisse du diocèse de Toulouse. Il a par la suite exercé dans certaines paroisses, dont celle d'Arcachon-La Teste, avant de prendre sa retraite en novembre 2023.