4 faits sur les cyanobactéries qui pourrissent la vie des baigneurs cet été

Elles prolifèrent en temps de fortes chaleurs dans les points d'eau et peuvent engendrer des irritations ou des maux de tête. Mais qu'est-ce que les cyanobactéries qui ont provoqué dernièrement l'interdiction à la baignade au lac de Torcy (Saône-et-Loire). Eléments de réponse avec un spécialiste de l'ARS.

Baignade interdite au lac de Torcy (Saône-et-Loire). Depuis le 10 août dernier, il n’est plus possible de faire trempette dans le plan d’eau pourtant très prisé en été. En cause : la détection par l’Agence Régionale de la Santé (ARS) de cyanobactéries en "concentration importante". Sur les recommandations des services sanitaires, la mairie de la ville a alors pris un arrêté suspendant la pêche et les bains.

Depuis, l’ARS effectue des prélèvements hebdomadaires. Mais les dernières analyses effectuées ne permettent pas une réouverture de la baignade. L’arrête municipal sera encore maintenu la semaine prochaine. Voilà donc une bactérie qui pourrit bien la vie des vacanciers ou des amateurs de pêche.

Mais qu’est-ce qu’une cyanobactérie ? Comment apparaît-elle ? Quelles sont ses conséquences pour notre organisme ? Élodie Austruy, ingénieure du génie sanitaire à l’ARS de Bourgogne-Franche-Comté nous répond.

Un micro-organisme qui apparaît lors des fortes chaleurs

Les cyanobactéries sont des microalgues qui sont apparus il y a 2 à 3 milliards d’années. On les retrouve aussi bien en eau douce qu’en eau salée. "Elles prolifèrent quand il y a de fortes chaleurs. Elles ont besoin de beaucoup de lumière, d’une masse d’eau stable et de nutriments, notamment des phosphores", décrit Élodie Austruy. La bactérie présente en masse entraîne alors une coloration de l’eau en vert ou l’apparition de la surface de l’eau d’une petite pellicule verte.

Notre région n’est pas la plus concernée par le phénomène et compte moins d’épisodes que la Bretagne. Mais la situation est tout de même particulière cette année en Bourgogne, en raison des fortes chaleurs et des faibles pluies.

"La situation est très variable d’une année à l’autre en fonction de la météo. Par exemple, si on a de fortes pluies avant l’été, on a un renouvellement de la masse d’eau, il y aura donc moins de cyanobactéries. A l’inverse, s’il fait très chaud, on a une accumulation de nutriments et le niveau du plan d’eau diminue. Donc vous avez une concentration qui augmente et donc une prolifération".

Elles provoquent le plus souvent des irritations et des soucis de digestion

Les cyanobactéries représentent un certain risque sanitaire. Car certaines d’entre elles, pas toutes, libèrent des toxines qui peuvent provoquer des troubles de la santé. "Ces toxines sont de différentes familles", décrypte l’ingénieure de l’ARS.

Selon les toxines, les conséquences sanitaires varient. Cela peut aller de l’irritation cutanée, à des soucis de digestion, des problèmes au niveau du foie, voire mêmes des étourdissements, de maux de tête ou des paralyses temporaires.

"Heureusement, on trouve rarement des toxines qui provoquent des impacts neurologiques. Ce sont souvent des problématiques dermatologiques ou des soucis de digestion. On surveille quand même tous les types de toxines", précise Élodie Austruy.

L’ARS surveille les cyanobactéries dans les zones de baignade

On distincte deux types de cyanobactéries : celles que l’on retrouve dans les plans d’eau et les lacs, celles présentes dans les rivières et les cours d’eau, et qui se fixent en général sur les roches. "Au niveau de l’ARS, on surveille les zones de baignade. Donc ce sont souvent les plans d’eau et les lacs".

Concrètement, des contrôles sanitaires sont régulièrement effectués hors saison. 10 jours avant l’ouverture à la baignade, l’ARS procède à de nouvelles surveillances. Puis en pleine période estivale, un à deux prélèvements sont réalisés chaque mois.

"On suit certains indicateurs. C’est principalement de l’observation. Si on voit des pellicules vertes apparaître, on passe au stade de l’identification des cyanobactéries présentes. Et si on trouve des toxines, on les mesures. On peut alors décider de fermer la baignade et limiter les activités nautiques en fonction des résultats".

Que faire pour les éliminer ?

En cas de contamination et de fermeture, comme au lac de Torcy, quelles sont les solutions disponibles pour les éliminer ? "Il n’y a pas vraiment de moyens de lutte, répond Élodie Austruy. C’est un phénomène naturel. Il n’y a pas de traitement spécifique".

Heureusement, quelques mesures préventives existent. Il est ainsi possible de travailler sur le bassin versant afin de réduire les apports en phosphores. Il est également possible d’enlever les sédiments présents au fond du lac, là-aussi dans une logique de réduire le taux de phosphore. Des mesures curatives doublées d’une surveillance accrue du site, pour éviter notamment de nouvelles contaminations l’année suivante.

En Saône-et-Loire, le lac de Torcy n’est pas le seul point d’eau à être paralysé par les cyanobactéries. La baignade a en effet été interdite au lac du Plessis de Montceau-les-Mines et au plan d’eau de Vallon à Autun. Elles ont aussi fait parler d'elles au lac du Bourdon, dans l'Yonne.

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