Cette habitante de Saint-Vincent-en-Bresse, en Saône-et-Loire, est jugée en appel à partir de lundi à la cour d'assises de Dijon. En 2019, en première instance, le tribunal avait condamné Marie-Claude Bouery à 12 ans de prison.
Huit ans après le meurtre, Marie-Claude Bouery comparaît pour la seconde fois à partir de ce lundi, et pour toute la semaine, aux assises de Dijon. En première instance, elle avait été condamnée à 12 ans de réclusion en 2019.
Les faits
Le 23 août 2014, Marie-Claude Bouery et son compagnon Alain Hérambourg sont découverts inanimés dans leur maison de Saint-Vincent-en-Bresse, petit village de Saône-et-Loire entre Chalon-sur-Saône et Lons-le-Saunier. À l'arrivée des secours, Alain Hérambourg, 62 ans, est déjà mort, tué à coups de masse. Marie-Claude Bouery, elle, est inconsciente et emmenée à l'hôpital de Dijon dans un état grave.
Comme le rapporte le Journal de Saône-et-Loire lors du procès de 2019, Marie-Claude Bouery a ingurgité des médicaments et se retrouve plongée dans un profond coma. À son réveil, elle est mise en examen pour le meurtre de son compagnon, qu'elle accuse de violences physiques et psychologiques.
Un couple "qui vivait au ban du village"
Un tel drame, dans ce village de moins de 600 habitants, laisse des traces. Contacté par France 3, l'actuel maire Bruno Favette se souvient de cet été 2014 : "Je venais tout juste d'entamer mon premier mandat. J'ai été appelé alors que j'étais en vacances à 600 km de là. On m'a dit : il faut que vous veniez tout de suite, il s'est passé quelque chose de très grave."
Le maire se remémore ce couple dont il connaissait les problèmes financiers : "Ils ne payaient pas leur loyer depuis 2008, nous étions au courant de cette situation. Quand il y a eu un avis d'expulsion, je me suis inquiété pour eux. Mais elle (Marie-Claude Bouery) était venue me voir pour me dire qu'il n'y avait plus de problème, qu'ils allaient déménager chez ses enfants dans la région de Nantes. Ça m'avait rassuré." Ce déménagement n'a jamais eu lieu.
L'autre aspect qui a marqué Bruno Favette, c'est l'isolement dans laquelle vivait le couple. Il évoque des sexagénaires "qui vivaient au ban du village". Atypique, dans une si petite commune. Il dit avoir eu de bons rapports avec Marie-Claude Bouery, mais ne "voyait jamais" Alain Hérambourg.
Après le drame, l'élu se rend à l'intérieur de la maison. Il la découvre dans un état de grande insalubrité : "Il y avait 1 mètre 10 de poubelles partout. On ne voyait plus la baignoire." Propos confirmés lors du jugement en première instance, en 2019.
Le procès
Lors de ce procès qui s'est tenu pendant six jours en octobre 2019, cinq ans après les faits, l'accusée avait écopé de 12 ans de réclusion, contre 15 ans demandés par le parquet. L'audience, suivie par le Journal de Saône-et-Loire, avait mis en lumière la personnalité compliquée de l'accusée : "elle est incapable d’avoir un cheminement logique", "elle met en place des réponses plausibles qui au final, ne tiennent pas dans la durée", "elle tient un discours “frustre” qui fluctue, parfois très précis, parfois d’un flou déconcertant", disaient les deux experts psychiatriques après avoir examiné Marie-Claude Bouery. Pour autant, elle n'a pas été reconnue comme irresponsable pénalement.
Outre les violences dont elle accusait Alain Hérambourg, Marie-Claude Bouery accusait aussi son propriétaire de viol et d'agressions sexuelles, ce qu'il a toujours nié. Aujourd'hui âgée de 71 ans, elle comparaît à nouveau, cette fois devant la cour d'assises de Dijon, pour son procès en appel. L'audience doit durer une semaine.