Assassinat de Loan Bernede : dans le village du suspect, les voisins avaient remarqué "un changement de comportement"

Guillaume D., un agriculteur de 31 ans, vient d'avouer l'assassinat de Loan Bernede, un Jurassien qui était recherché par ses proches depuis un mois. Dans le village du suspect en Saône-et-Loire, c'est la sidération. Le mis en cause était très bien intégré.

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Il lui a tiré une balle dans la tête, avant de l'enterrer, de le déterrer, de brûler son corps et de disperser les cendres dans un cours d'eau. Voici les aveux, terribles, formulés par Guillaume D., agriculteur à Saint-Eugène (Saône-et-Loire). Il vient d'être mis en examen pour l'assassinat de Loan Bernede. 

"Tout le monde est sous le choc"

Ce vendredi, les mots manquent pour décrire la sidération qui règne à Saint-Eugène. Dans ce tout petit village de 160 habitants, tout le monde connaît de près ou de loin Guillaume D. Notre équipe sur place croise même le père du mis en cause, dans la ferme de son unique fils. Originaire de Montceau-les-Mines, le trentenaire s'était installé ici il y a une dizaine d'années pour réaliser son rêve de gosse : devenir agriculteur.

Les habitants à qui nous tendons le micro préfèrent garder le silence, encore trop choqués pour réaliser. Seul le maire accepte de répondre à quelques questions. "Tout le monde est sous le choc. Depuis une semaine, je recevais beaucoup de coups de téléphone des voisins qui voyaient passer la gendarmerie. J'ai essayé de me renseigner, mais on ne me disait rien."

Et depuis hier, c'est la catastrophe. Il était impliqué dans le village, c'est quelqu'un qui travaillait bien... Aujourd'hui, tout est anéanti.

Xavier Duvignaud

maire de Saint-Eugène (71)

Xavier Duvignaud décrit un agriculteur très investi, passionné. "Il a eu des formations assez rigoureuses pour s'installer. C'était un bon agriculteur qui faisait bien sa ferme, elle était bien entretenue." Le maire en sait quelque chose : il est lui-même ancien agriculteur.

En plus de cela, Guillaume D. venait de prendre la présidence de la Cuma locale, la coopérative d'utilisation de matériel en commun. Il s'occupait aussi du groupement de défense sanitaire, qui a trait à la santé des animaux d'élevage.

Mais ces derniers temps, Guillaume D. n'était plus le même. "Aux dires de ses voisins, il avait changé de comportement. Son travail n'était plus fait correctement, il ne suivait plus ses bêtes comme il avait l'habitude de le faire avant. Les voisins m'ont dit qu'il avait un peu laissé tomber son travail." Et pour cause.

Une frustration amoureuse qui mène à l'irréparable

Le procureur de Besançon Etienne Manteaux a donné une conférence de presse ce vendredi 22 décembre. Il explique qu'après 48 heures de garde à vue, Guillaume D. a avoué avoir assassiné Loan Bernede "par jalousie, par dépit amoureux, par colère". 

Loan Bernede, âgé de 31 ans comme son meurtrier, était domicilié à Cuisia (Jura) à 120 kilomètres de Saint-Eugène. Il avait disparu depuis le 21 novembre, laissant ses proches dans l'angoisse. Un mois plus tard, les aveux de Guillaume D. sont venus balayer les derniers espoirs de le retrouver en vie. Comment en est-on arrivé là ?

► À LIRE AUSSI : Assassinat de Loan Bernede dans le Jura : le suspect passe aux aveux, il aurait agi par jalousie et brûlé son corps

D'après les éléments révélés par le procureur, Guillaume D. avait entamé quelques mois plus tôt une relation amoureuse sur Tinder avec une femme de 32 ans polyamoureuse, qui assumait avoir plusieurs partenaires amoureux en même temps. Loan Bernede faisait partie de ces amants. Guillaume D. ne l'a pas accepté "et cette situation l'a progressivement mis en colère", explique Etienne Manteaux. 

Courriers anonymes et fausses plaques d'immatriculation

Guillaume D. et la trentenaire se séparent en octobre 2023, mais l'agriculteur de Saône-et-Loire refuse de passer à autre chose. La jeune femme reçoit plusieurs courriers anonymes, la jugeant sur ses pratiques sexuelles, insinuant qu'elle est surveillée.

Le 22 novembre dernier, le suspect se rend au domicile de Loan Bernede à Cuisia, armé d'une carabine 22 long rifle. Il se déplace dans un Kangoo qu'il a emprunté à un ami. "Il a fait faire des fausses plaques pour que ce véhicule ne soit pas pris par un radar automatique et identifié", ajoute le procureur de Besançon. "Il s'est rendu au domicile de cet homme qui avait eu l'audace d'avoir des relations sexuelles avec celle qu'il aimait. Et il dit l'avoir abattu d'une balle dans la tête."

Ensuite, Guillaume D. dit avoir ramené le corps dans son exploitation de Saint-Eugène, puis l'avoir enterré dans un champ à l'aide d'un engin agricole. Questionné par les gendarmes le 13 décembre, il panique, déterre le corps et le brûle "pendant sept heures dans une auge à vaches pour le faire disparaître", avant de jeter les cendres dans un ruisseau, tout comme l'arme du crime.

Une centaine de personnes mobilisées pour retrouver Loan

À 120 kilomètres de là, l'émotion est la même à Cuisia, où vivait la victime. Nos confrères de France 3 Franche-Comté racontent le choc ressenti par le maire, Renaud Poncelin. "C'était un jeune très discret, gentil avec tout le monde. On n'imagine pas que ça puisse arriver chez nous et personne ne s'attendait à quelque chose d'aussi tragique."

Loan Bernede avait acheté une maison qu'il rénovait à l'orée du bois dans le hameau de la Grande Biolée, rattaché à la commune de Cuisia. Dès le lendemain du signalement de sa disparition, un vaste dispositif avait été déployé à la recherche du trentenaire : trois unités de gendarmerie, un hélicoptère, un maître-chien, un peloton de recherches en haute-montagne... En parallèle, près de 90 personnes avaient participé à des battues autour du village.

► Avec Fabien Farge-Champion, Valentin Casanova & France 3 Franche-Comté

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