Noël ou pas, les chauffeurs de l'entreprise de transport Prudent sillonnent la France pour livrer plateformes de distribution ou grossistes. Mais pour le dirigeant de cette société basée en Saône-et-Loire, faire travailler les routiers le week-end est une aberration sociale et écologique.
Pas de repos pour les braves. Si Noël et la Saint-Sylvestre sont synonymes de jours fériés pour une majorité de Français, tous n'ont pas la chance de les passer en famille. Soignants, pompiers, forces de l'ordre... mais aussi les routiers, qui fêtes de fin d'année ou pas, doivent toujours livrer leurs clients. C'est le cas, par exemple, chez les transports Prudent, cette entreprise basée près de Louhans (Saône-et-Loire) qui faisait parler d'elle il y a quelques jours grâce à son initiative pour pallier les suppressions de TGV.
Il faut bien que quelqu'un se dévoue pour travailler à Noël.
Enerick,employé des Transports Prudent
Robert est l'un de ces travailleurs. Chauffeur-livreur depuis des années, il est parti, ce dimanche 25 en milieu de matinée, direction Cavaillon (Vaucluse) et Béziers (Hérault). "Ça ne me gêne pas, je suis habitué maintenant", lance-t-il avec un haussement d'épaules. "C'est sûr que je préférerais être à la maison, mais bon, ce sont les aléas du travail."
Enerick fait lui aussi partie des 20 salariés de l'entreprise mobilisés pour Noël. À l'heure où d'autres déballaient leurs cadeaux, lui était déjà à pied-d'œuvre, pour remplir les camions devant livrer plateformes de distribution et magasins de grande distribution. "Je prends à 7 heures du matin et je finis à 19", détaille-t-il. "C'est devenu une habitude, une routine. Il faut bien que quelqu'un se dévoue pour travailler à Noël. Pour moi, c'est un jour comme un autre."
"Cette logistique est en place depuis des années mais n'a jamais été remise en cause"
Mais en cette fin d'année, vacances obligent, l'activité est nettement plus calme. À tel point que les véhicules qui prennent la route le font presque vides. "Les volumes livrés le week-end, comme souvent le lundi d'ailleurs, sont très faibles", soupire Dominique Prudent, dirigeant de la société éponyme. Une raison suffisante, selon lui, pour que les camions ne roulent pas le week-end - il demande justement que leur circulation soit interdite les samedis et dimanches.
Si on nous interdisait de circuler le samedi et le dimanche, on pourrait mieux équilibrer nos flux sur toute la semaine.
Dominique Prudent,dirigeant des Transports Prudent
"Cette logistique est en place depuis des années mais n'a jamais été remise en cause. Ça n'a plus de sens d'envoyer nos chauffeurs livrer partout en France le week-end et même les jours fériés. Si on nous interdisait de circuler le samedi et le dimanche, on pourrait mieux équilibrer nos flux sur toute la semaine. Socialement, ce serait énorme." Une avancée sociale... mais également écologique, selon le chef d'entreprise. "On polluerait et on abimerait moins les routes... On userait moins d'essence, de gaz, d'électricité."
Autre avantage - et pas des moindres -, cela permettrait, toujours d'après Dominique Prudent, de redynamiser un secteur en perte de vitesse. "De cette façon , on pourrait réintéresser les jeunes. Parce que tous les vieux chauffeurs, on ne va pas les remplacer. D'ici fin 2023, il va nous en manquer pas loin de 200, 250 000 !" Pour rappel, on estime en moyenne que chaque année, 6% des Français (soit environ 1 million) travaillent le 25 décembre.