Depuis 18 mois, de nombreux artisans sont confrontés à l’augmentation de leurs factures d’énergie en gaz et électricité. À Sennecey-le-Grand (Saône-et-Loire), un boulanger et un boucher sont au bord de l’asphyxie.
À Sennecey-le-Grand, commune de 3 000 habitants de Saône-et-Loire, se trouvent la boulangerie d'Anthony Trontin et la boucherie de Laurent Grapin. Des commerces qui partagent la même rue, et les mêmes difficultés face à l'augmentation du coût de l'énergie.
La boucherie de Laurent Grapin est un commerce gourmand en énergie du fait de ses nombreux équipements. Et ce gérant assiste impuissant à l’envolée de ses factures. "En 2020, j'en ai eu pour 3 700 euros. En 2021, 4 400 et en 2022, 6 000 euros. Et je pense que pour 2023, je vais être aux alentours de 11 000 euros."
On ne peut pas entièrement répercuter ces hausses dans le magasin, sinon on n’aurait plus de clients.
Laurent GrapinBoucher à Sennecey-le-Grand
Bien trop pour ce commerce, qui ne pourra pas supporter longtemps de telles augmentations. "Certains investissements qu’on voulait faire devront attendre. On avait du matériel à changer. On a des jeunes qu’on forme, notre objectif c’est de les garder. Mais si l'énergie augmente comme ça, on ne pourra pas se le permettre et c’est dommage", regrette le professionnel.
La femme de ménage du boucher bourguignon est en arrêt, mais face aux difficultés économiques rencontrées, Laurent Grapin a décidé de ne pas la remplacer. "On va faire le ménage nous-mêmes, son salaire va combler les charges qu’on doit payer. On doit travailler plus. Si on a besoin de personnel, on ne pourra pas se permettre d’embaucher avec de telles augmentations."
Une facture qui a triplé pour le boulanger
Sur le trottoir d’en face, la facture d’électricité du boulanger a aussi pris un sérieux coup de chaud. "Aujourd'hui, c'est très dur. Je suis à 10 000 euros pour trois mois. Avant, c'était 2 000 ou 3 000 euros. J’essaie de limiter la casse comme je peux", assure Anthony Trontin.
Une facture qui triple, et qui oblige le boulanger à changer sa façon de travailler. "Aujourd’hui, je ne cuis plus toute la journée. Je ne peux plus me permettre avec le coût de l'électricité. Avant, j'arrivais à cuire l'après-midi pour avoir du pain chaud pour la fin de journée. Aujourd'hui, je sors moins de baguette, on arrive des fois à court de pain, mais les gens s’adaptent."
Pour le moment, Laurent et Anthony résistent. Ils répercutent une partie de cette hausse sur leurs prix de vente mais sont bloqués dans leurs recrutements et leurs investissements. Et ces deux commerces redoutent surtout la disparition du bouclier tarifaire annoncée pour 2024.