Emprisonné trois semaines aux Comores, l'artiste-militant Chamoun Soudjay qui vit en Saône-et-Loire raconte son calvaire

Près de deux mois qu'il a été libéré, mais Chamoun Soudjay garde intact le souvenir de ses trois semaines en prison aux Comores. Le 26 août, cet artiste qui vit à Ozolles (Saône-et-Loire) est arrêté dans son pays alors qu'il manifeste pacifiquement contre le pouvoir en place. Il nous raconte.

19 jours dans l’enfer des prisons comoriennes. Le 26 août dernier, Chamoun Soudjay est arrêté aux Comores pour préparation d’actes terroristes alors qu’il manifeste pacifiquement pour le respect des libertés dans son pays d’origine. Celui qui vit à Ozolles (Saône-et-Loire) a retrouvé la liberté après 3 semaines de détention, le 13 septembre dernier.

Alors qu’il profite désormais du calme de son foyer, Chamoun Soudjay nous raconte l’univers carcéral auquel il a été confronté pendant près de trois semaines. "La prison est 4 fois surpeuplée. Déjà pour dormir, on louait un espace de 45 cm de large sur 2m de long. On le payait 3€. Il n’y avait pas de toilettes, on faisait nos besoins dans des seaux la nuit. 80% des prisonniers qui ont la gale", décrit le père de deux enfants qui a été arrêté avec Farhane Attoumani, un entrepreneur installé à Paris. 

Une mobilisation importante aux Comores pour sa libération

Emprisonné à la maison d'arrêt de Moroni, dont les conditions de détention ont été dénoncées par une ONG en 2017, Chamoun Soudjay peut compter sur le soutien de son épouse, Delphine. Une centaine de membres de la diaspora comorienne regroupés au sein de l’association Mabedja réclament également sa libération. Sur place, ils médiatisent l’affaire et organise une mobilisation malgré le risque de terminer en prison.

"Le gouvernement, ils ont sorti l'artillerie, ils ont sorti beaucoup de monde pour arrêter cette manifestation. On s'est tous dit que même si un de nous se faisait arrêter, il fallait quand même continuer le combat", se rappelle Sania Assoumani, membre de l'association Mabedja. Au total, 14 personnes ont été jetées en prison pour avoir soutenu Chamoun Soudjay.

On aimerait bien faire notre vie là-bas. Il faut juste que ce pays redevienne un état de droit, que les gens puissent vivre librement.

Delphine Soudjay

Grâce au soutien de ses proches et à l'action populaire, Chamoun Soudjay est finalement libéré, malgré une tentative d'enlèvement par un groupe militaire. "Si j'avais été enlevé, j'aurais pu être tué. Il y a beaucoup de cas aux Comores de gens enlevés en prison dont on n'a plus de traces", explique le militant. À sa sortie de prison, on lui interdit de parler aux médias et de reprendre contact avec l’association Mabedja. Des injonctions auxquelles il refuse de se soumettre. L’artiste garde chevillée au corps l’envie de se battre pour les libertés fondamentales dans son pays.

"Bien sûr, j'envisage de retourner aux Comores, ça reste mon pays natal. C'est un beau pays. Je crois beaucoup à notre combat et ce qui nous encourage surtout, c'est le soutient de toute la population". Depuis l’indépendance acquise en 1975, les 850 000 habitants des Comores ont connu près de vingt coups d’Etat ou tentatives de coups d’Etat.

Le pays est actuellement dirigé par le colonel Azali Assoumani, que ses opposants accusent d’avoir modifié la constitution pour rester au pouvoir jusqu’en 2029. Une cinquantaine de militants contre le président seraient actuellement en prison selon le collectif Résistance réunionnaise contre la dictature aux Comores (RRCDC).

La compagne de Chamoun Soudjay, Delphine, compte désormais créer son association d’aide aux jeunes mineurs emprisonnés pour raisons politiques. Avec un nom symbolique : Bora Salam, qui signifie Mieux vaut la paix en comorien.

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