L’instant Gourmand est au bord de l’asphyxie. Comme de nombreux artisans, cette boulangerie de Louhans (Saône-et-Loire) a vu sa facture d’électricité exploser ces deux dernières années. Ses gérants ont décidé de prendre des mesures drastiques.
Mélanie et Stéphane Larousse n’en peuvent plus. Ce couple gère depuis plus de huit ans la boulangerie l’Instant Gourmand, situé à Louhans (Saône-et-Loire). Pour autant, ils pourraient bientôt mettre la clé sous la porte. L’accumulation de crises, comme le Covid, et, dernièrement, l’augmentation des prix, a vidé leur trésorerie.
“Durant la pandémie, mon salon a dû fermer. J’ai quand même décidé de payer mes salariés à 100 %. Je n'ai pas contracté de prêt car je considère que le modèle économique de mon entreprise est sain. J’ai perdu environ 80 000 € de trésorerie”, explique Mélanie Larousse.
La fin de la crise du Covid approchant, le couple décide d’investir plus de 250 000 euros pour rénover leur enseigne. “Nous nous disions que nous étions sortis des ennuis. Cela nous a redonné du baume au cœur”, estime-t-elle.
L'inflation, un coup de massue
L'inflation les stoppe dans leur élan. "Les œufs, la farine, le sel, le sucre... Tout est plus cher !", ajoute Mélanie Larousse, agacée par cette situation. "En moyenne, les prix des matières premières ont augmenté de 10 à 15 %." La dernière crise a été le coup de massue. En décembre, le couple de boulangers doit renouveler son contrat de fourniture d'électricité avec Engie.
Ils nous ont renvoyé une lettre, en faisant une proposition à 98 000 € par an.
Mélanie Larousse
"Ils nous ont renvoyé une lettre, en faisant une proposition à 98 000 € par an. Auparavant, nous payions 22 000 €. Nous nous sommes dit qu'il fallait que l'on change de fournisseur", explique la boulangère. Rapidement, ils décident de rejoindre EDF. Mais les ennuis continuent.
"On est passé de la peste au choléra. Six mois plus tard, nous avons reçu une première facture pour six mois de plus de 22 000€."
Entre janvier et juin, le couple a économisé en attendant le jour fatidique. Ils n'ont que 17 000 € pour régler la note. Les boulangers prennent donc une décision radicale : "Après de nombreuses demandes, j'ai réussi à obtenir un RIB. J'ai décidé de faire des virements, en mettant en place une règle simple : je prends le prix de l'électricité de l'année dernière et je rajoute 20 %".
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EDF n'accepte pas cette manœuvre financière. Le 20 août, les boulangers reçoivent un courrier, les menaçant d'une coupure électrique s'ils ne règlent pas ce qui est dû. Pour ce couple, payer moins est vital s'il veut rester ouvert : "Je ne suis pas une mauvaise payeuse. Ma boulangerie est même viable économiquement, mais je ne peux pas continuer longtemps avec ces prix-là."
Ils font appel au gouvernement
Mélanie et Stéphane Larousse ne peuvent pas casser leur contrat. "Techniquement, c'est possible. Mais ils nous demandent 4275 € par mois restant dans ce contrat. Nous ne pouvons pas nous le permettre," ajoute la gérante de l'Instant Gourmand.
"En janvier, le ministre de l'économie Bruno Le Maire a promis que les boulangers pourront résilier sans frais leur contrat de fourniture d'électricité si la hausse des prix menace la survie de l'entreprise." Ce couple d'artisans demande donc au gouvernement de tenir sa promesse.
Stéphane Larousse, par ailleurs président de la fédération des boulangers du Jura, est d'ailleurs allé raconter son histoire lors d'un congrès de sa Confédération Nationale à Paris le 18 octobre. Il est reparti déçu. Les représentants du gouvernement présents sur place estiment que "tout va bien." Les fournisseurs d'électricité, eux, font la sourde oreille.