Ce mercredi 3 avril, une manifestation rassemblant direction, syndicats et salariés du groupe SEB a eu lieu à Paris. Tous protestent contre une proposition de loi écologiste visant à réduire l’exposition aux PFAS (composés dits “polluants éternels”). Le vote de la loi est prévu le lendemain à l’Assemblée.
C'est une première pour le groupe : direction, syndicats et salariés ont manifesté à Paris devant l'Assemblée Nationale pour protester contre une loi visant à réduire l'exposition aux PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées, dits polluants éternels). Près de 500 personnes se sont rassemblées en début d'après-midi à Paris.
Une manifestation regroupant direction, syndicats, salariés
La manifestestion a rassemblé près de 500 personnes, avec des participants venant de tous les sites nationaux du groupe SEB : Lourdes (Hautes-Pyrénées), Selongey, Is-sur-Tille (Côte d'Or), Tournus (Saône-et-Loire), Pont-Evèque (Isère), Rumilly (Haute-Savoie), Mayenne (Mayenne), Saint-Lô (Manche) et du siège d'Ecully (Rhône) pour manifester à Paris.
Concernant la présence de membres de la direction aux côtés des salariés ce mercredi, "c’est la première fois que je vois ça, affirme Jean-Baptiste Perret, coordinateur SEB au syndicat CFE-CGC, le syndicat majoritaire dans l'entreprise. C’est pour défendre nos sites, la production en France. Le groupe Seb est le dernier à fabriquer des articles ménagers en Europe."
En quoi les PFAS concernent-ils le groupe SEB ?
Le groupe SEB rassemble de multiples marques d'électroménager (Calor, Krups, Moulinex, Tefal) et les PFAS interviennent principalement dans la fabrication des ustensiles de cuisine Tefal (revêtements anti-adhésifs entre autres).
Selon une enquête du journal Le Monde , avec 17 autres médias partenaires pour tenter de mesurer l'ampleur de la contamination aux PFAS (février 2023), ces derniers seraient mis en cause pour 16 millions d'européens et deux millions de français dans des pathologies telles que des cancers, des troubles de la fertilité, des problèmes cardio-vasculaires...
L'agence européenne des produits chimiques (ECHA) a fait une proposition en février dernier pour restreindre l'usage des PFAS (une famille qui regroupe près de 12 000 composants chimiques). Plusieurs industriels ont participé à une consultation publique entre mars et septembre 2023 : les 27 pays membres doivent se prononcer sur un vote en fin d'année 2024.
Sans attendre ce délai, le député Nicolas Thierry (EELV) a fait une proposition de loi, déposée le 20 février, visant à interdire à partir de 2025 la fabrication, l'importation, l'exportation et la mise sur le marché de tous les produits contenant des PFAS entrant notamment en contact avec les denrées alimentaires, les cosmétiques, et les textiles.
"L'emploi est menacé, pour l'ensemble des sites"
En route pour Paris, Jean-Baptiste Perret explique que cette proposition de loi est dangereuse : “L’emploi est menacé, mais aussi la compétitivité de l’ensemble de la société.Tefal représente une partie importante du groupe. Il y a un savoir-faire, tout un ensemble de process, il y a 1500 salariés à Remilly et 300 à Tournus (Saône-et-Loire) qui tiennent à leur entreprise."
Le problème est que "Tefal utilise des PTFE (les polytétrafluoroéthylènes ndlr)" qui rentrent dans la famille des composés PFAS. Mais Jean-Baptiste Perret précise que ces PTFE "ne sont aujourd’hui pas néfastes au consommateur. Aucune étude n’incrimine leur aspect nocif, à la différence des PFOA (Acide perfluorooctanoïque) qui ont été interdits aux Etats Unis et en France depuis 2020 et que le groupe n’utilise plus depuis 2012. Le PTFE est aujourd’hui inerte et ne représente aucun danger pour la santé des consommateurs."
Par conséquent, le projet de loi agirait comme une sanction sur le groupe : "Le projet de loi interdit non seulement sans différenciation les distinctions entre les PFAS (entre ceux qui ne sont pas néfastes à la santé et les autres) et en plus ce projet raccourcit un délai porté à 2027, qui était prévu par une réglementation européenne. Si ce projet de loi est voté, les sites de Tefal du groupe Seb, on les arrête l'année prochaine, puisqu’on n’aura pas le droit de fabriquer uniquement en France. Ce seront les sites français qui seront pénalisés. C’est encore une sur-transposition des réglements européens qui ne sont toujours pas définis."