Des "anomalies" ont été détectées dans la cuve de l'EPR de Flamanville, forgée à l’usine Areva du Creusot, en Saône-et-Loire. L'Autorité de sûreté de nucléaire (ASN) se prononcera "début juillet" pour dire si cette pièce fondamentale est utilisable ou pas.
La cuve du réacteur nucléaire EPR de Flamanville (Manche) a été fabriquée en Saône-et-Loire.L'ASN (une autorité administrative indépendante) a révélé il y a plus de deux ans qu'une "anomalie" avait été détectée dans la composition de l'acier du couvercle et du fond de la cuve de ce réacteur nucléaire de troisième génération construit par EDF et Areva.
"C'est une anomalie de fabrication que je qualifierais de sérieuse, voire très sérieuse, qui de plus touche un composant crucial, la cuve. Autant dire que nous y prêterons toute notre attention", avait déclaré Pierre-Franck Chevet, président de l'Autorité de sûreté nucléaire, en avril 2015
Suite à cette déclaration, Areva a dû effectuer des tests car l'acier de cette pièce majeure, deuxième barrière contre la radioactivité après la gaine du combustible, présente une concentration excessive en carbone susceptible d'amoindrir sa résistance.
Aujourd’hui, le groupe EDF se dit "confiant dans le fait que la cuve", qui mesure 11 mètres de haut et pèse 425 tonnes, "sera déclarée bonne pour le service". Pas moins de 1 600 tests ont été effectués depuis l'annonce des anomalies par l'ASN, indique Bertrand Michaud directeur du chantier.
Quelles conséquences aurait un avis négatif de l'ASN sur la cuve ?
EDF mise toujours sur un "démarrage du réacteur au dernier trimestre 2018". Un avis négatif de l'ASN sur la cuve aurait des conséquences majeures. "Le couvercle de la cuve est interchangeable, mais le fond de la cuve ne l'est pas", déclare Jean-Paul Martin ex directeur adjoint de l'usine d'Areva de la Hague et membre de l'association des écologistes pour le nucléaire. "Le fond de la cuve est soudé. Si on veut le changer, c'est beaucoup plus compliqué. Ce seraient des travaux très importants", précise-t-il. Plusieurs gros composants comme les générateurs de vapeurs sont soudés autour.Et la validation par l'ASN de la cuve est l'une des conditions posées par Bruxelles à son feu vert au rachat par EDF de l'activité réacteurs de son compatriote en grande difficulté financière, l'ex fleuron Areva.
L'Autorité de sûreté de nucléaire (ASN) se prononcera "début juillet" pour dire si cette pièce fondamentale est utilisable ou pas. L’information a été donnée mardi 30 mai 2017 par Eric Zelnio, responsable "réacteurs" de l'antenne normande de l'ASN lors d'une réunion de la commission locale d'information (CLI) qui rassemble élus locaux, EDF, association de défenses de l'environnement, scientifiques et syndicats.
La cuve est à Flamanville depuis 2013. Près de 4.700 personnes travaillent chaque jour sur le chantier de l'EPR de Flamanville.
Depuis son lancement en 2007, ce chantier, qui devait au départ être une vitrine pour vendre des EPR à l'étranger, a connu de nombreux déboires. Son coût a plus que triplé à 10,5 milliards d'euros. Il devait au départ démarrer en 2012.