Le Haut comité pour la transparence et l'information sur la sûreté nucléaire estiment que EDF et Areva ont manqué de transparence envers le public sur leur gestion des anomalies de la cuve du réacteur EPR de Flamanville, qui a été forgée en Bourgogne.
Quels sont les reproches adressés à EDF et Areva ?
La cuve qui équipe le réacteur nucléaire EPR de Flamanville, dans la Manche, a été fabriquée par Areva sur son site du Creusot, en Saône-et-Loire.Areva a détecté fin 2014 une concentration excessive en carbone dans l'acier du fond et du couvercle de la cuve : c’est une pièce essentielle, qui constitue une deuxième barrière contre la radioactivité sur un réacteur.
Depuis, des tests sont en cours pour vérifier que, malgré cette anomalie, la cuve présentera toutes les garanties de sûreté lors du fonctionnement du réacteur.
Le Haut comité pour la transparence et l'information sur la sûreté nucléaire (HCTISN) s'est saisi mi-2015 de ce dossier. Ce Haut comité regroupe des représentants de tous les acteurs de la filière ainsi que des associations.
Il regrette que les deux industriels - EDF en tant qu'exploitant du futur EPR et Areva comme fabricant de la cuve - n'aient "pas expliqué au public l'origine de l'anomalie et l'historique de la conception et de la fabrication de la cuve".
Selon les experts, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a publié sur son site internet les courriers et demandes qu'elle a envoyés à Areva, mais les réponses du groupe nucléaire n'ont pas été publiées, tout comme le dossier rendu fin 2016 par Areva comportant les résultats des essais sur la résistance de la cuve.
Existe-t-il un plan B au cas où la cuve serait inutilisable ?
Les experts ont aussi constaté qu’EDF et Areva n'ont communiqué aucun plan B ou "scénarios alternatifs" envisagés dans le cas où l'ASN rendrait un avis négatif sur l'aptitude au service de la cuve de l'EPR de Flamanville.L'ASN doit rendre un premier avis début juillet concernant la cuve, puis un avis définitif à l'automne. Ces avis sont primordiaux pour qu'EDF puisse démarrer le réacteur comme prévu d'ici la fin 2018, mais aussi pour Areva, dont la recapitalisation prévue cette année est conditionnée à un avis positif de l'ASN.
"EDF et Areva mettent l'ASN devant le fait accompli : ils refusent de communiquer un plan B pour la contraindre à accepter que l'EPR démarre avec des pièces vérolées", s'insurge Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire à l'ONG Greenpeace.
En revanche, le Haut comité salue les efforts d'information de l'ASN et de son bras technique l'IRSN et notamment le langage "accessible et pédagogique" des informations fournies, sur un dossier technique et complexe.