Après le démantèlement du campement du parking Monnier fin décembre à Mâcon, ses occupants ont été réinstallés dans un gymnase. Une situation qui les protège des intempéries mais qui pose des problèmes liés à la promiscuité, d'après les associations.
Deux semaines que les 45 migrants qui occupaient le campement du parking Monnier, à Mâcon (Saône-et-Loire) ont un toit au-dessus de leur tête. Depuis l'évacuation du site effectuée par la préfecture le 21 décembre dernier, ils font l'objet d'une "mise à l'abri provisoire" au sein d'une extension du gymnase Schuman.
Cette disposition leur épargne le froid et les intempéries. Pour autant, elle pose aussi d'autres problèmes, notamment de cohabitation. "Il y a l'envie des familles de se retrouver le soir ou même la journée, souligne Michel Pelletier, du Collectif du Parking Monier, une association de soutien, pour manger, pour discuter, pour être tranquille même, être isolés des autres, ce qui pouvait se faire quand ils étaient sur le parking Monnier. Maintenant c'est un grand dortoir."
Menaces et racket
Un problème qui entraîne, d'après le groupe, des situations de violence. "Nous vivons actuellement une maltraitance complète des familles roms, poursuit l'associatif. Ça va jusqu'à des menaces de mort, au racket, à des choses qui ne sont pas belles à dire..."
La préfecture assure que cette situation est prise en compte. "Nous avons confié la gestion du gymnase à un opérateur de l'Etat, Adoma, souligne Jean-Claude Geney, son secrétaire général, non pas pour organiser les repas et la vie en communauté mais pour réguler les relations entre communautés. Il y a des tensions mais elles sont régulées par cet opérateur et si besoin, il est fait appel aux services de police."
Des démarches sans grand espoir
Cette prise en charge, normalement temporaire, pourrait pourtant s'éterniser. Les formulaires d'aide aux demandeurs d'asile (ADA) sont arrivés, signe de l'enregistrement du dossier. Les migrants n'ont pu faire cette démarche qu'après plusieurs mois de présence à Mâcon et une injonction du tribunal administratif au préfet.
A présent, cette demande a peu de chance d'aboutir. "Ils vont sûrement être classés dans la catégorie migrants économiques et non pas migrants politiques, en ne tenant absolument pas compte des raisons pour lesquelles ils ont fui leurs pays", assure Etienne Ialanne, membre du collectif du parking Monnier.
Les hébergements saturés
"Au terme de cet examen, soit ces personnes sont reconnues de droit d'asile et pourront rester sur le territoire national, soit elles ne sont pas reconnues, ce qui est plus probable, abonde Jean-Claude Geney, de la préfecture. Dans ce cas-là, elles seront réadmises dans le pays de l'Union européenne où elles ont fait une demande d'asile ou elles seront éloignées."
Désormais demandeurs d'asile, ces migrants pourraient en théorie bénéficier d'un hébergement digne de ce nom. Mais selon la préfecture, les 900 places dont dispose la Saône-et-Loire sont occupées. Environ 200 demandeurs d'asile venus d'Albanie, de Serbie ou du Kossovo vivent actuellement à Mâcon, entre foyer Adoma, hôtels et hébergement par des familles.