Ces lieux abandonnés en Bourgogne-Franche-Comté : le Lavoir des Chavannes, cathédrale industrielle de Montceau-les-Mines

Ancienne plus grande usine de traitement de charbon de France et d'Europe, le Lavoir des Chavannes a cessé toute activité en 1999. Mais quelques passionnés continuent de s'en occuper et tentent de préserver l'édifice. Ils nous ont fait visiter le lieu particulièrement impressionnant.

Le Lavoir des Chavannes est à l’arrêt depuis 1999, mais lorsqu’on visite cette véritable cathédrale industrielle, on imaginerait presque Charlot s’agiter derrière les machines comme dans Les Temps Modernes. Jean-François Gagne a travaillé pendant plus de 30 ans dans la plus grande usine de lavage de charbon de France et d’Europe du XXème siècle installée à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire). Président de l’association de sauvegarde du site, il nous fait découvrir le lieu aujourd’hui abandonné mais toujours aussi impressionnant.

45 mètres de hauteur, 2 500 tonnes de charpente en métal, 800 m2 de superficie, le tout sur un terrain de 32 hectares, la structure immense est spectaculaire vue de l’extérieur. "Le lavoir est très recherché ! Les gens sont impressionnés par son gigantisme", lance Jean-François Gagne avec son accent du cru et sa voix caverneuse. L'édifice est tout autant monumental lorsqu’on pénètre à l’intérieur.

Un labyrinthe de machines

En s’aventurant dans le Lavoir des Chavannes, on voyage à travers le XXème siécle. À l'époque où les techniciens travaillaient en bleu de travail, le visage imprégné de suie et les mains marquées par leur dur labeur. On s’attendrait presque à voir débouler Louis de Funès dans ses habits de patron d’usine tyrannique qui engueule ses employés.

©Nathalie Zanzola / France Télévisions

Dans ce véritable dédale de pièces mécaniques, Jean-François Gagne se sent comme un poisson dans l’eau. L’homme connaît chaque recoin, glisse au passage une anecdote sur la vie de l’usine durant son activité ou raconte les missions de chaque appareil. "J'ai été embauché le 25 août 1965. Je suis parti en 1996. Ça fait long ! J'ai fait beaucoup de choses dans le lavoir. J'ai eu la chance de le parcourir en long, en large et en travers", explique celui qui a notamment été responsable de la maintenance.

La construction du Lavoir des Chavannes a été décidée en 1922 par la Société Anonyme des Mines de Blanzy. L’usine sera mise en service 8 ans plus tard, en 1930. Elle disposait alors de 7 groupes de traitement afin de laver les charbons de qualités et de provenances différentes acheminés par le réseau de chemin de fer privé de près de 30 kilomètres qui équipait également le bâtiment. Fonctionnant 24h sur 24 au plus haut de son activité, le lavoir pouvait traiter 700 à 800 tonnes de charbon par heure.

Malgré la chute du charbon à la fin du siècle, le site tenta de s'adapter. Les machines furent automatisées entre 1989 et 1994. Mais l’usine sera définitivement fermée en 1999. Deux décennies plus tard, certaines machines imposantes sont toujours en place. On les verrait presque repartir et fonctionner de nouveau.

"L'intérieur est encore en bon état", souffle fièrement Jean-François Gagne. Au détour d’une salle, on découvre même les casiers, outils et matériels utilisés par les ouvriers. Comme si les travailleurs avaient dû partir du jour au lendemain. Mais la structure dans son ensemble subit les effets du temps. Le toit est ouvert aux 4 vents, des trous apparaissent dans certains murs et le métal est victime de la rouille en raison de l'eau qui s'infiltre dans le bâtiment. 

Un patrimoine local unique

L'État est toujours propriétaire du Lavoir des Chavannes, mais la municipalité de Montceau-les-Mines œuvre à son rachat. En parallèle, l'association de défense du site s'occupe depuis 2019 de l'usine au quotidien et tente de réduire les actions de vandalisme qu'elle subit régulièrement. Au détour de notre visite, on remarque en effet les multiples tags sur les murs, certaines machines ouvertes et des emballages de nourriture au sol. De quoi contraster avec l'ambiance générale au sein de la structure. 

Retrouvez ci-dessous les photos de notre visite du Lavoir des Chavannes

Jean-François Gagne et ses camarades agissent surtout pour la valorisation du lieu, ouvert régulièrement à des visites d'élèves en écoles d'architecture et négocient avec les acteurs politiques pour assurer la sécurité du lieu. Pour l'association de défense cela passe par l'installation de panneaux photovoltaïques sur le toit. "Si on y arrive, le lavoir est sauvé. Il serait à l'abri de l'eau et de l'air", assure Jean-François Gagne qui a proposé en 2019 et 2020 le Lavoir des Chavannes comme candidat au Loto du patrimoine organisé par Stéphane Bern, sans pour autant avoir été retenu. 

À l'heure actuelle, l'association de défense du Lavoir des Chavannes compte près de 150 membres. Parmi lesquels des bénévoles qui ont travaillé plusieurs décennies au sein de l'usine. Les anciens laveurs sont devenus sauveurs. "Après avoir vécu de nombreuses années à l'intérieur et travaillé avec ces machines, c'est un plaisir et une fierté de s'en occuper. J'ai une affection de cœur pour ce lavoir. C'est le cœur qui parle quand on l'évoque !", confie Jean-François Gagne.

Véritable richesse locale, le Lavoir des Chavannes a été inscrit en 2000, peu après sa fermeture, à l'inventaire des monuments historiques du XXème siècle avant d'être déclassé en novembre 2020 en raison des dégradations qu'il subit et de l'absence de projet de reconversion. Mais pour Jean-François Gagne, l'édifice a le potentiel pour devenir un musée et certains espaces pourraient être adaptés afin de recevoir des évènements festifs et culturels.

Par ailleurs, le lavoir a participé aux Journées du patrimoine en 2019, accueillant pour l'occasion 2 500 visiteurs. L'usine devrait à nouveau être ouverte au public lors de l'édition 2021 de l'évènement prévue les 18 et 19 septembre prochains. 

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