Le docteur généraliste Dominique Bontoux raconte son changement de vie depuis qu'elle exerce à temps partiel comme médecin salarié dans un centre médical à Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire). Elle fait partie du documentaire "Médecin de famille, soigner jusqu'à l'épuisement" diffusé sur France 5.
Ils s'occupent de notre santé mais les praticiens montrent des signes de fatigue. D'après la direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques (Drees), la densité de médecins libéraux va baisser de 5% d'ici 2030. À l'heure actuelle, 8 millions de Français vivent dans un désert médical et la Bourgogne-Franche-Comté n’échappe pas à ce constat national.
Pour lutter contre ces déserts, en Saône-et-Loire, la collectivité a salarié des médecins. Une initiative qui a permis de recruter 70 docteurs, dont Dominique Bontoux.
Pendant 25 ans, cette médecin généraliste a exercé son métier en libéral à Marignane, une commune près de Marseille dans les Bouches-du-Rhône. Elle partageait un cabinet avec un confrère proche de la retraite, lui aussi épuisé. "J'ai quitté la médecine libérale car elle ne correspondait plus à mes attentes. Cela me fatiguait beaucoup. (...) On a dû fermer le cabinet en 2018 tous les deux pour des raisons de santé", explique le docteur Dominique Bontoux, atteinte d'une maladie auto-immune.
Cette fatigue qui a entraîné la fermeture du cabinet s'explique en partie par la diminution du nombre de medécins tout autour. Obligeant les deux praticiens encore en activité à récupérer la patientèle de leurs confrères retraités.
Le salariat : une solution partielle à la pénurie de médecins
Si le docteur Dominique Bontoux a décidé de venir exercer en Saône-et-Loire, c’est parce que la pratique en libéral était devenue trop contraignante. "Je n'avais pas envie de reprendre en libéral, alors j'ai choisi de répondre à une offre d'emploi du Conseil départemental de Saône-et-Loire qui proposait un poste de médecin généraliste salarié. Et je voulais essayer le salariat pour une dernière partie de ma carrière", précise la Marseillaise de naissance. Depuis 2019, elle a intégré à temps partiel, un cabinet médical à Montceau-les-Mines grâce à un prospectus de recrutement trouvé dans sa boîte aux lettres.
En rejoignant la structure, elle a retrouvé un plaisir de pratiquer qu’elle n’avait plus en libéral. "J'avais fait le tour de mon métier en libéral et surtout ce n'est plus comme quand j'avais commencé. Et c'est vrai que voir quelqu'un qui vient du sud pour s'installer à Montceau-les-Mines, c'est un choix qui intrigue beaucoup de gens. Mais j'ai trouvé des conditions de travail qui me conviennent très bien. J'arrive à travailler en accord avec moi-même" détaille-t-elle.
Pour Dominique Bontoux, la création d’un environnement propice peut être une solution pour attirer des médecins. “Je pense que si l'on offre de bonnes conditions d'exercice, on peut attirer des médecins. J’en suis l’exemple. Après ce n’est pas la solution pour lutter contre le manque de médecin sur le plan national, de toute façon il en manque. Mais le salariat, ça peut être un moyen d’attirer des docteurs dans des régions qui sont délaissées”, pointe-t-elle.
Une liberté sur la façon de travailler
Depuis que Dominique Bontoux est passée médecin salarié, sa charge de travail est plus allégée. En intégrant le centre médical, la généraliste n'a plus du tout besoin de s'occuper de la partie administrative.
"Ici je n'encaisse même pas les consultations. Je n'ai qu'à me préoccuper de mon travail de médecin et de mes patients. Je retrouve le plaisir de faire mon métier."
Dr Dominique Bontoux, médecin généraliste
Un gain de temps et d'énergie précieux puisqu'avec la pénurie des médecins généralistes, ces tâches sont devenues plus conséquentes.
Grâce à la non gestion de l'administratif, le Dr Dominique Bontoux estime pouvoir "être plus attentive aux besoins de ses patients". Et ce poids en moins n'est pas le seul point positif qui l'a conduit a changé d'horizons. Les facilités dans la pratique quotidienne du métier ont fortement incité le médecin a rejoindre le centre médical.
"On a le choix dans la façon dont on veut travailler. On gère nos horaires comme on veut dans la limite des 35 heures. On nous laisse la liberté de choisir nos modes d'exercices et les spécialités qu'on veut faire. Et on a à notre disposition du matériel, du personnel pour nous aider. On se sent soutenu, écouté. Et c'est tellement important", rappelle-t-elle.
Ce type d'initiative peut être un bon début pour lutter de manière temporaire à la pénurie de medecins que subissent certaines régions. Même si la fin du numerus clausus dans la faculté de médecine apporte une réponse pour contrer cette problématique. Mais avant de pouvoir bénéficier de la nouvelle vague de médecins, il faudra patienter une dizaine d'années.