Nucléaire : pourquoi le redressement d'Areva sera-t-il long et douloureux ?

L'Elysée a annoncé qu’EDF allait reprendre la majorité de l'activité réacteurs d'Areva. Mais, ce n’est là qu'une première étape dans le sauvetage du groupe nucléaire et cela ne signifie pas la fin du calvaire pour Areva et ses salariés.


Quel est le projet pour sauver Areva ?

Le géant du nucléaire Areva (qui possède trois sites en Bourgogne) a enregistré une perte record de 5 milliards d'euros en 2014. Le groupe a annoncé 3 000 à 4 000 suppressions d'emplois en France.

Face à cette situation, l'Etat a opté pour une reprise par EDF de la majorité de l'activité réacteurs d'Areva et s'engage à renflouer le groupe. En choisissant cette option, l'État veut "donner une stabilité, une pérennité à la filière nucléaire" française, a dit le ministre de l'Économie jeudi 4 juin 2015.

Mais, l'implication d'EDF (détenu à 84,5% par des capitaux publics) n'exonère pas l'État de renflouer le groupe nucléaire, lui aussi propriété publique à près de 87%. L'Elysée s'est bien gardé de mentionner un quelconque chiffrage, parlant d'une recapitalisation "à la hauteur nécessaire". De son côté, la ministre de l'Énergie, Ségolène Royal, a indiqué que le montant sera fixé à l'issue des négociations entre EDF et Areva, qui doivent durer un mois.



Combien d’argent va nécessiter cette opération ?

Un courtier parisien estime les besoins de financements à long terme d'Areva à 7 milliards d'euros. Selon des informations de presse, EDF a fait une offre "indicative" à 2 milliards d'euros pour devenir majoritaire dans l'activité réacteurs, un montant jugé "faible" par un courtier parisien qui l'évalue plutôt à 4,5 milliards d'euros.

Mais, tout dépendra aussi si l'électricien prend à son compte une partie des risques opérationnels des chantiers lancés par Areva. EDF souhaite notamment ne pas avoir à supporter les déboires de l'EPR d'Olkiluoto 3 en Finlande, qui accuse retards et surcoûts et sur lequel plane une procédure d'arbitrage international avec le donneur d'ordre finlandais TVO.



Les factures d’électricité des Français vont-elles augmenter ?

Le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy, a aussi insisté à plusieurs reprises sur le fait qu'EDF était dans une situation financière "difficile". Il a donc demandé une hausse des tarifs réglementés d'électricité en France.

Selon des informations parues dans les médias, l'électricien aurait demandé une augmentation de 2,5% de ces tarifs en 2015, et les deux années suivantes, en échange de son implication dans la restructuration d'Areva. Une hausse potentielle qui retomberait donc sur les quelques 28 millions d'abonnés à ces tarifs en France. "Il n'y a pas de lien entre cette opération et les tarifs de l'électricité", a toutefois assuré Emmanuel Macron jeudi matin.

Le groupe nucléaire avait annoncé un plan d'économies de un milliard d'euros d'ici 2017, ainsi que d'importantes cessions d'actifs. Le montant de la contribution de l'État dépendra donc de tous ces éléments. La France devra aussi obtenir l'aval de la Commission européenne, dans la mesure où le renflouement pourrait être assimilé à une aide d'État. Quoi qu'il en soit, l'ardoise sera salée.



Où en est le plan social annoncé par Areva ?

La décision de l'État ne remet par ailleurs nullement en cause l'impact social de la restructuration du groupe nucléaire, qui sera recentré sur la gestion du cycle du combustible nucléaire.

Areva veut réduire supprimer entre 5 000 et 6 000 postes dans le monde pour réduire de 15% ses frais financiers. Le groupe emploie quelque 44 000 personnes dans le monde, dont 29 000 en France.

Areva est actuellement en négociations avec les syndicats autour du volet social de sa restructuration, et l'ensemble de son plan de financement devrait être annoncé fin juillet.

Le coordinateur FO d'Areva, José Montès, estime que l'annonce de mercredi devrait remettre en cause les 3 000 à 4 000 suppressions d'emplois prévues par Areva dans l'Hexagone. Les quelque 1 200 salariés employés dans l'entité ingénierie réacteurs d'Areva vont être basculés dans la future filiale commune avec EDF.

"La complexité est surtout humaine et sociale pour faire travailler les équipes ensemble et gérer au mieux les doublons de compétences", souligne Arnaud Leroi, directeur Energie à Paris du cabinet de conseil Bain & Company.
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