Le dealer d’Alicia, une adolescente de 14 ans morte d’une overdose, comparaissait devant le tribunal correctionnel de Chalon-sur-Saône vendredi 25 septembre 2015. La procureure avait requis une peine de huit ans de prison. L'homme a été condamné à six ans d'emprisonnement.
Reportage : Pauline Ringenbach et Jean-Louis Saintain / Montage : Cécile Frèrebeau / Intervenants :
- Frédéric Hopgood, avocat de la partie civile
- Laurent Pascal, avocat de la défense
Comment Alicia est-elle morte ?
Alicia avait disparu fin juillet 2014. Son corps avait été retrouvé quelques jours plus tard, tout habillé, flottant à la surface d'un étang à Givry, en Saône-et-Loire. Des analyses avaient mis en évidence une dose massive d'ecstasy pouvant expliquer le décès de la jeune fille.Début octobre 2014, un chauffeur-livreur âgé de 33 ans et habitant Chalon-sur-Saône, avait été interpellé et écroué pour avoir fourni de la drogue à la victime. L'homme a reconnu lui avoir vendu à plusieurs reprises du cannabis, mais il a nié lui avoir administré de l'ecstasy.
Devant le tribunal, l'homme, à l'allure sportive, a raconté que l'adolescente, qui paraissait excitée, avait "fait une crise" au petit matin à son domicile. "Elle est morte devant moi", a-t-il poursuivi.
Combien de versions le prévenu a-t-il données ?
Le prévenu a dit avoir "paniqué" et, pour se débarrasser du corps, l'a "mis dans une valise et amené jusqu'à l'étang". Le trentenaire, qui connaissait l'entourage de l'adolescente, avait ensuite participé aux recherches organisées par la famille d'Alicia après sa disparition."Si vous n'avez pas donné de MDMA (autre nom de l'ecstasy, ndlr) à Alicia, pourquoi cette attitude, cette obstination à cacher ce corps ?" a lancé lors de son réquisitoire la procureure Caroline Mollier.
"Vous avez été interrogé 14 fois en 9 mois et on n'a pas loin de 14 versions, alors je ne sais pas que croire dans toutes ces versions", a également relevé la procureure. Le trentenaire était poursuivi notamment pour homicide involontaire, non-assistance à personne en danger et trafic de drogue. Il encourait une peine maximale de dix ans d'emprisonnement.
Le jugement est tombé en cours de soirée. Le dealer a été condamné à six années de prison ferme. Il est donc maintenu en détention, où il est placé depuis octobre 2014.
Il lui est interdit de séjourner dans le département de Saône-et-Loire pendant cinq ans. Il a aussi été condamné à payer notamment 35 000 euros au titre de préjudice moral.
L'homme a dix jours pour faire appel du jugement. Son avocat maître Laurent Pascal a dit qu'il allait s'entretenir avec son client avant de prendre une décision.